AFIN DE préciser si la consommation en phytoestrogènes influe sur le risque de cancer pulmonaire, l'équipe du Dr Mattew Schabath (Houston) a mis en place une étude cas-contrôles sur 1 674 sujets atteints et 1 735 témoins. Entre juillet 1995 et octobre 2003, les participants ont été interrogés sur leurs habitudes alimentaires. Les investigateurs se sont particulièrement intéressés à la consommation en soja, en graines, en carottes, en épinards, en brocolis et autres fruits et légumes contenant des phytoestrogènes sous les quatre formes actuellement connues : isoflavones, lignanes, cumestrans et phytostérols. Les questionnaires auxquels étaient soumis les sujets de l'étude incluaient, en outre, des informations démographiques, socio-économiques et précisaient la consommation de tabac.
« L'une de nos principales observations tient au fait que les sujets atteints de cancer du poumon consommaient habituellement moins de phytoestrogènes que les témoins. Pris individuellement, la diminution du risque était sensible pour les quatre formes de phytoestrogènes (pour le quart des participants, plus gros consommateurs en phytoestrogènes) : de 21 % pour les phytostérols à 46 % pour les phytoestrogènes pris dans leur globalité », analysent les auteurs. Ce n'est que chez les fumeurs et ceux qui n'avaient jamais fumé qu'une baisse a été notée. Chez les anciens fumeurs, il semblerait que ces aliments n'aient pas d'effet direct sur le risque de cancer du poumon.
L'effet bénéfique pourrait, en outre, être lié au sexe : pour les hommes, une baisse du risque a été notée avec les quatre types de phytoestrogènes (baisse de 24 % avec les phytostérols jusqu'à 44 % avec les isoflavones) alors que, chez les femmes, seuls les phytoestrogènes pris dans leur globalité auraient des vertus préventives (baisse de 34 % pour les femmes du groupe plus haute consommation en phytoestrogènes). Par ailleurs, chez les femmes, la consommation de ces aliments, associée à la prise d'une hormonothérapie substitutive, pourrait faire encore baisser le risque de cancers du poumon (jusqu'à 50 %).
« Jama », 2005, 294 : 1493-1504.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature