L'inflammation in utero responsable de lésions cérébrales chez les prématurés

Publié le 18/11/2001
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L'existence de lésions cérébrales est malheureusement fréquente chez les grands prématurés. Les études IRM réalisées sitôt après l'accouchement indiquent que ces lésions sont en fait constituées in utero. En outre, l'accouchement prématuré survient souvent dans un contexte d'inflammation intra-utérine. Des études, cherchant à faire le lien entre ces deux observations, ont effectivement pu établir une relation entre la présence de cytokines pro-inflammatoires dans le sang de l'enfant et le liquide amniotique, et des anomalies du développement neurologique. La relation de cause à effet reste toutefois difficile à établir, puisque des lésions cérébrales traumatiques peuvent elles-mêmes provoquer une élévation des cytokines, de même que les phénomènes d'hypoxie, voire l'accouchement proprement dit.

Sensibilité de 60% et spécificité de 78%

Une équipe britannique a donc approfondi la question de la relation entre inflammation intra-utérine, activation de l'immunté foetale et lésions cérébrales, en mesurant plusieurs cytokines (TNF-alpha, IL1 béta, IL6 et IL10) dans le sang de cordon, chez 50 enfants nés entre la 23e et la 29e semaine. En outre, les lymphocytes T CD45RO+, forme activée des CD45RA+ naïfs, ont été recherchés dans un sous-groupe de 29 enfants.
Des lésions cérébrales ont été mises en évidence par IRM chez 18 enfants. Chez ceux-ci, les taux moyens de toutes les cytokines recherchées se sont révélés augmentés, de même que le pourcentage de cellules CD45RO+. Selon le modèle de régression proposé par les auteurs, les concentrations élevées de cytokines permettent de prédire l'existence de lésions cérébrales avec une sensibilité de 60 % et une spécificité de 78 %. En ajoutant le pourcentage de cellules activées comme paramètre au modèle, ces chiffres passent à 75 % et 87 %.
Il se confirme donc que des taux élevés de cytokines associés aux lésions cérébrales sont dus à l'exposition in utero à des antigènes capables d'activer les cellules T CD45, vraisemblablement à l'occasion d'une infection utérine ou placentaire. La concentration maternelle en protéine C-réactive s'est d'ailleurs révélée, elle aussi, corrélée à l'existence de lésions cérébrales. Les concentrations supérieures à 8 mg/l ont ainsi une sensibilité prédictive de 88 % et une spécificité de 71 %. Inflammation maternelle et inflammation foetale paraissent donc concomitantes.
Reste la question du mécanisme par lequel l'inflammation est à l'origine de lésions cérébrales. Aucun mécanisme n'est en fait prouvé. Mais les auteurs penchent pour un effet direct soit des cytokines, soit, plus vraisemblablement, des cellules activées, infiltrées et capables d'induire l'apoptose des cellules environnantes.

P. J. Duggan et coll. « Lancet » 2001 ; 358 : 1 699-1 700.

Vincent BARGOIN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7012