SI L'ANNÉE 2007 a été, semble-t-il, plus bénéfique qu'attendu pour l'industrie pharmaceutique (progression des ventes de 4,7 % alors que le secteur tablait sur une hausse de 3,8 %), les premiers résultats de 2008 laissent penser que l'année en cours verra un ralentissement du chiffre d'affaires de ce secteur d'activité. Ainsi, selon Christian Lajoux, président du LEEM (Les Entreprises du médicament, qui rassemble la quasi-totalité des patrons des firmes présentes en France), «la conjoncture à mi-2008 laisse présager un rythme de croissance moyen».
Ce sont les ventes en ville qui expliqueraient ce ralentissement par rapport à 2007 (+ 3 % en 2008 contre 4,1 %), alors que les ventes à l'hôpital, qui concernent notamment des médicaments d'innovation onéreux pour la plupart, devraient enregistrer une progression comprise entre 7 et 8 %, soit à peu près équivalente à celle de l'an dernier. Globalement, l'industrie pharmaceutique espère pour 2008 une hausse de son chiffre d'affaires comprise entre 4 et 4,5 %.
De janvier à fin avril, l'évolution n'est que de 2,1 %, et, en remboursements, l'assurance-maladie note une baisse des dépenses de médicament de – 2,2 %, mais il faut voir là surtout l'effet de la franchise médicale. Un effet qui devrait cependant s'estomper à partir de juillet puisque, selon les projections, le plafond de 50 euros par patient et par an devrait être atteint à cette époque, et le dispositif ne devrait donc plus jouer sur les remboursements de médicaments dans la deuxième partie de l'année.
Dégradation de l'emploi.
Mais c'est l'avenir qui semble surtout inquiéter l'industrie pharmaceutique française. Pendant des années, ce secteur d'activité a été un fort créateur d'emplois. Une situation qui pourrait cependant évoluer défavorablement au cours des prochaines années, puisque certaines projections mettent en avant le risque de diminution de plusieurs milliers de salariés de l'industrie d'ici à 2015.
En 2007, l'emploi a certes progressé de 2 % dans l'industrie pharmaceutique, mais on assiste dans certains domaines à des suppressions de postes très importantes. C'est notamment le cas de la visite médicale. «Nous avons déjà atteint des niveaux de suppression d'emplois de visiteurs médicaux très importants, à un rythme plus rapide que prévu», a expliqué Christian Lajoux, qui souhaite que soit mis en place dans les entreprises des processus de reconversion des visiteurs médicaux, pour les accompagner vers de nouveaux métiers. «Il n'est pas question de les abandonner», a expliqué avec force le président du LEEM.
Le recul de la compétitivité de l'industrie pharmaceutique, au niveau international, est une autre grande inquiétude des responsables de ce secteur d'activité. Ainsi, selon une étude présentée par Denis Ferrand, président de la conjoncture chez Coe-Rexecode, société d'étude et de recherche économique, «la compétitivité de l'industrie française s'érode de manière régulière depuis le début des années 2000, privant l'économie française d'un levier de croissance». Ainsi, si la balance commerciale du secteur du médicament est toujours positive (+ 6 milliards d'euros en 2007, alors que celle de la France enregistre un déficit de 40 milliards d'euros), les importations croissent deux fois plus vite que les exportations, ce qui, au fil des ans, si cette situation perdurait, fragiliserait encore davantage le secteur de l'industrie pharmaceutique française et aggraverait le déficit du commerce extérieur de la France.
D'où l'inquiétude perceptible du président du LEEM qui demande que «la politique du médicament ne se réduise pas simplement à sa régulation économique» et qui compte à l'évidence sur la réunion prochaine du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) qui rassemble, autour du Premier ministre, plusieurs ministres (Santé, Recherche, Industrie et Budget) et des patrons de grandes firmes pharmaceutiques pour tracer les grandes orientations d'une nouvelle politique en la matière.
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