PENDANT LA CAMPAGNE présidentielle, le Leem (Les Entreprises du médicament) s'était distingué en organisant à la Mutualité, à Paris, une grand-messe de l'industrie pharmaceutique, avec pour objectif d'obtenir des engagements fermes du prochain gouvernement en matière de politique de santé.
Le suspense sur la composition de la prochaine Assemblée nationale n'étant pas franchement haletant, le Leem passe aujourd'hui à l'action, et propose au gouvernement Fillon un partenariat stratégique.
Car, à l'aune des résultats 2006 de l'industrie pharmaceutique, l'heure est grave, expliquent en substance Christian Lajoux, président du Leem, et Bernard Lemoine, vice-président : l'évolution du chiffre d'affaires du médicament remboursable en ville n'a augmenté en 2006 que de 0,7 %, un chiffre qu'il faut rapporter à la tendance des huit ou dix années précédentes (+ 5,5 %) pour mesurer l'ampleur de la dégradation.
Les propositions que formule donc le Leem, présentées comme «cinq chantiers, cinq actions, pour les cinq ans à venir», s'articulent autour de l'idée qu'il est possible de trouver une «équation vertueuse», capable tout à la fois de préserver lescomptes sociaux et de répondre aux besoins de santé.
Parmi ces cinq chantiers, le Leem demande un accroissement des dépenses de santé «à concurrence de PIB+2%, si l'on veut répondre aux besoins réels de santé».
Mais, surtout, le Leem demande «une clarification de la gouvernance de santé». A ce sujet, Christian Lajoux déplore que cette gouvernance soit éclatée entre les mains «de l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) , de la HAS (Haute Autorité de santé) , de l'Uncam (Union nationale des caisses d'assurance-maladie) et du Ceps (Comité économique des produits de santé) ». Le Leem appelle enfin de ses voeux «un retour à une fiscalité de droit commun», avec la suppression des taxations spécifiques à l'industrie pharmaceutique, comme la taxe exceptionnelle sur le chiffre d'affaires, la taxe sur la promotion et celle sur les ventes directes.
Et pour pouvoir mettre en place et assurer le suivi de ces chantiers, le Leem demande, «avant la fin de l'année, une nouvelle réunion du comité stratégique des industries de santé (Csis) , sous la présidence du Premier ministre. Sinon, il y a un risque de télescopage des mesures prises par les différents ministres».
Mais si Christian Lajoux tend une main aux pouvoirs publics, il garde l'autre prête à sonner le tocsin : «Nous redoutons la mise en oeuvre de nouvelles mesures contraignantes comme de nouvelles baisses de prix, a-t-il martelé , et nous refuserons toute mesure qui ne serait pas structurante. Nous sommes conscients de la gravité de la situation, mais nous demandons au gouvernement d'être intelligent. Oui au traitement de fond des problèmes, non aux simples mesures opportunistes.» En clôturant son intervention, Christian Lajoux a rappelé la phrase prononcée par Nicolas Sarkozy durant la campagne : «La santé n'est pas une charge, mais une chance.»
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