TOURISME
F ONDEE par Babur, la dynastie moghole s'épanouit avec Akbar, trouve son apogée avec Shah Jahan pour décliner avec Aurangzeb. Trois siècles de gloire et de puissance qui ont laissé dans les trois capitales des souverains des merveilles d'art et d'architecture. Un subtil équilibre entre la décoration et la miniature où ajouts finement sculptés et incrustations de pierres précieuses et semi-précieuses ornent délicatement les arcs polylobés des coupoles bulbeuses de marbre blanc.
Un art qui atteint son apothéose avec l'un des monuments les plus raffinés du monde, le Taj Mahal.
Akbar, bien qu'illettré, s'est révélé un homme d'une grande culture - il rêvait d'une société universelle de tolérance - et un grand stratège qui a su unifier l'empire et sceller définitivement les noces de l'Inde avec l'Islam en épousant lui-même, entre autres, une Hindoue. De son brillant règne reste une cité fantôme toujours majestueuse, Fatehpur Sikri, qui fut sa résidence pendant quatorze années avant d'être abandonnée - passade ou caprice onéreux d'un empereur tout-puissant ? Dans la plaine ocre et poussiéreuse, l'éphémère cité
moghole est étonnement bien conservée et témoigne de fastes glorieux. Dans un style architectural plutôt baroque, des palais de grès rouge sont
posés de manière symétrique et offrent de surprenantes perspectives. Le Caravansérail, la grande Mosquée, le tombeau de Salim Christi, le kiosque de
l'astrologue, l'Anup Talao, le Panth Mahal avec son nombre de colonnes allant décroissant sur les 5 étages, Jodh Bhaï sont autant de merveilles qui
attestent d'un art de vivre inégalé.
Le Taj Mahal, un chant d'amour
Akbar fit également édifier le Fort Rouge d'Agra, autre témoignage de la puissance de la dynastie moghole du temps de sa splendeur. A une courbure du fleuve Yamunâ du Taj Mahal, la massive forteresse est aujourd'hui un havre de tranquillité avec ses des jardins à la persane où coulent des eaux claires de cascades murmurantes en fontaines rafraîchissantes.
Plusieurs délicats palais de marbre ont été rajoutés à la construction par Shah Jahan, le petit-fils d'Akbar, qui a poursuivi son uvre unificatrice en s'attachant essentiellement aux arts et à l'architecture. Avec un goût certain pour la décoration, il a porté une attention particulière à la miniature dans l'art de l'incrustation, le « pietra dura ».
C'est à lui que l'on doit le fabuleux Taj Mahal, merveille des merveilles qu'il fit bâtir à Agra en mémoire de sa compagne, l'impératrice Mumtaz Mahal (« l'Elue du Harem ») ; à sa mort, dit-on, ses cheveux et sa barbe blanchirent en une seule nuit.
Sous la coupole de l'édifice en marbre blanc, le cénotaphe de Shah Jahan, rapporté à côté de celui de sa bien-aimée, reste le seul élément asymétrique d'un ensemble harmonieusement proportionné. De part et d'autre du monument, deux temples en grès rouge contrastent avec la blancheur du Mausolée et le rendent encore plus étincelant.
Quelques années après avoir achevé ce chef-d'uvre, Shah Jahan fut déposé par son propre petit-fils Aurangzeb qui l'assigna à résidence dans ce même Fort Rouge qu'il
avait mis tant d'amour à embellir. Ultime consolation pour le vieil empereur
usé par le chagrin, la vue qu'il avait, depuis sa « prison dorée », sur le Taj Mahal.
25 000 fidèles
Une vue que l'on a désormais le privilège de partager, mais sans nostalgie, si l'on séjourne à l'hôtel Amarvilas, un tout nouvel établissement dont les chambres dignes d'un maharadjah donnent toutes sur le Taj Mahal qui, lorsqu'il apparaît enveloppé dans la brume matinale, semble
comme échappé à la course du temps.
L'influence artistique de l'empereur Shah Jahan est également sensible à Delhil - à 2 heures de train d'Agra - qui fut la capitale traditionnelle des Moghols.
Il y fit construire le site le plus visité de l'actuelle capitale de l'Inde, le Fort Rouge de Delhi. Derrière
une imposante muraille de pierres en grès rouge, le
site abrite une quintessence de palais éparpillés sur des jardins fleuris. Des parures en or et pierres précieuses qui tapissaient murs et plafonds il ne reste plus rien mais des militaires institués gardiens du trésor sont prompts à distribuer des coups de bâton aux imprudents qui s'approchent trop d'un trône en marbre blanc vierge de tout ornement précieux, succédané du fameux Trône des Paons couvert de pierreries, dérobé par un souverain de Perse en 1739 (en même temps que le fameux diamant Koh-i-Nur) et que l'on peut voir aujourd'hui à Téhéran !
Face au Fort Rouge, le « Jamaa Masjid » ou mosquée du vendredi, érigée encore sur l'ordre de Shah Jahan, est la plus vaste mosquée de toute l'Inde, qui peut accueillir jusqu'à 25 000 fidèles.
Mais c'est au sud de la ville que s'élève « Qutab Minar », le plus haut minaret du pays, une impressionnante tour édifiée au 13e siècle à l'ombre de laquelle se trouve la première mosquée construite en Inde.
Mais évidemment Delhi, avec ses 14 millions d'habitants, porte surtout la marque de l'empire britannique qui a succédé, en 1858, à celui du Grand Moghol. La capitale de l'Inde a été retracée par les Anglais au début du 20e siècle et, avec ses larges avenues, ses pavillons style Victoria et ses jardins, New Delhi affiche un contraste marquant
avec les grouillantes ruelles d'Old Delhi où l'on doit, pour sacrifier au shopping tellement tentant, se frayer un chemin entre voitures, rickshaws et charrettes sans bousculer les vaches sacrées occupées à débarrasser les rues de leurs déchets.
Le conquérant Babur, qui fonda la dynastie moghole en 1526, se plaignait déjà qu'à Agra il n'y eut « pas de raisins, pas de melons cantaloup ni de fruits de première qualité, pas de glace ni d'eau froide... » ; les Anglais installés à Delhi n'avaient qu'une idée, fuir la chaleur et la poussière de la ville l'été ; et aujourd'hui, les Indiens qui le peuvent et les visiteurs vont chercher la douceur à Shimla, aux portes de l'Himalaya.
Le voyage s'effectue en train, en deux parties. De Delhi à Chandigarh - la « Brasilia » indienne dessinée par Le Corbusier en forme de carrés
numérotés - la traversée des plaines dure environ deux heures ; le train est
confortable, le service de qualité, le thé et le lunch servis par des garçons très « British » avec casquette, tablier haut et gants.
Puis un petit tortillard, vieux d'une centaine d'années, relie Chandigarh à Shimla ; le trajet de moins de 100 kilomètres dure près de 4 heures : une belle ballade romantique à travers la montagne agrémentée de 999 virages et 103 tunnels pour grimper jusqu'à 2 300 mètres d'altitude !
On est là dans l'Himichal Pradesh, un petit Etat montagnard où les habitants, isolés, ont conservé d'antiques traditions.
« La perle de l'Himalaya »
Ce pays aux 150 sommets à plus de 5 000 mètres est un véritable paradis pour les amoureux de la nature et les amateurs de
sports de montagne et d'activités au grand air. Surnommée « la perle
des Himalaya », Shimla conserve la marque de l'empire britannique - les Gracieux
sujets de Sa Majesté y ont recréé une Mini-Angleterre avec des bungalows et leurs jardins à l'anglaise où fleurissent dahlias et pétunias - ce qui ne l'empêche pas d'être aujourd'hui la villégiature d'été du gouvernement indien.
On y respire un air frais et pur parfumé aux essences de cèdres tricentenaires et de pins géants et l'on y fait d'agréables excursions comme celle qui mène, au nord, dans la vallée de Kulu joliment boisée avec ses rivières
ruisselantes et justement appelée « la vallée des dieux ».
Pour y séjourner, le Cecil Hotel offre son confort et son raffinement, qu'apprécièrent en leur temps Rudyard Kipling, Mahatma Gandhi ou Pandit Nehru.
Plus haut, encore plus haut à Mashobra, à 2 600 mètres d'altitude, les amateurs de sports de montagne et de nature sauvage apprécieront l'ambiance du Wildflower Hall, qui fut en 1902 la propriété de Lord Kitchener, Commandant en chef des Armées des Indes et qui a été transformée en un luxueux hôtel qui vient qui vient tout juste d'ouvrir ses portes ; avec toujours un cadre très « British » - boiseries, fauteuils en cuir, tapis d'Orient, salle de jeu - il offre une vue panoramique sur les crêtes enneigées des mythiques chaînes de l'Himalaya. Les sports de neige l hiver, le rafting, tennis, VTT ou randonnées équestres l'été seront au programme de l'établissement sans oublier le trekking puisque l'Himalaya
offre à l'amateur averti tout l'éventail des sensations possibles, depuis les
excursions courtes et faciles jusqu'aux longs défis des sommets enneigés.
Pour partir
TRANSPORT :
Parmi les nombreuses compagnies qui assurent des liaisons régulières sur
Delhi, Air India : 1, rue Auber, 75009 Paris ; tél. 01.42.68.40.10. Durée du vol : 9 heures.
FORMALITES :
La demande de visa touristique se fait sur le formulaire ad hoc avec 2 photos d'identité et le passeport valide six mois après la date du retour
auprès de l'ambassade de l'Inde : 20, rue Albéric-Magnard, 75016 Paris ;
tél. 01.40.50.71.71.
DECALAGE HORAIRE :
+ 3 h 30
SANTE :
Aucun vaccin n'est exigé ; les rappels DTTAB Polio et un traitement antipaludéen sont toutefois conseillés.
CLIMAT :
La meilleure période pour se rendre dans le Triangle d'or va de septembre à avril. A Shimla, le temps est agréable presque toute l'année avec des chutes de neige entre septembre et décembre.
MONNAIE :
1 FF = environ 6 Roupies.
SEJOURS :
- A New Delhi : The Oberoi Hotel New Delhi. Décoré dans le style anglais du XIX e, il est idéalement situé dans la verdure du club de golf de Delhi. Elégant et raffiné, il est aujourd'hui le meilleur hôtel de luxe de la capitale. Toutes les chambres donnent sur le zoo, le golf ou les ruines du Lodi Garden.
Adresse : Dr Zakir Hussain Marg, New Delhi-110 003, India. Tél. +91-11-436
3030 Fax +91-11-436 0484
- A Agra : L'Amarvilas. Un palace situé à seulement 600 mètres du Taj Mahal et dont les 104 chambres et suites donnent sur le mausolée. Récemment inauguré, ce lieu privilégié est l'un des hôtels indiens les plus luxueux et les mieux décorés avec du teck de Birmanie et du marbre vert, des jardins monghols, terrasses, fontaines et bassins, trois restaurants.
Adresse : Taj East Gate Road, Taj Nagri Scheme, Agra-282 001, Uttar Pradesh , India. Tél +91-562-23 1515. Fax +91-562-23 1516.
- A Shimla : The Cecil est un hôtel historique qui existe depuis 1884 et s'il a été récemment rénové, l'architecture du bâtiment est restée inchangée et le style de l'hôtel a été conservé. Chaucune des 71 chambres et 8 suites a sa propre cheminée.
- A Mashobra : Le Wildflower Hall est un luxueux hôtel de montagne niché, à 2 600 m
d'altitude, au milieu d'une forêt de majestueux cèdres géants. Inauguré tout récemment, il comprend 87 suites et chambres offrant toutes une vue sur les chaînes de l'Himalaya. Ballades à dos de yack, marches en montagne, découverte de temples bouddhistes, descentes de rivières, vélo, trekking sont au programme ; une école d'héliski devrait bientôt voir le jour.
Adresse : Mashobra, Shimla-171 012, India. Tél. +91-177-48 0808. Fax +91-177-48 0909.
RENSEIGNEMENTS :
Office du tourisme indien : 13, bd Haussmann, 75009 Paris ; tél. 01.45.23.30.45. Internet :
www.india-tourism.com/fr
Oberoi Group : tél. 0 800 90 86 07. Internet :
www.oberoihotels.com
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