« L'incontinence urinaire d'effort est une pathologie largement sous-estimée chez les jeunes sportives qui n'osent pas en parler spontanément, souligne le Dr Jocelyne Beillot (CHU de Rennes). Les médecins n'y pensent pas toujours chez ces femmes jeunes et toniques, d'autant plus que ce trouble est souvent assimilé à une insuffisance des structures de soutien du plancher pelvien. » Les données épidémiologiques de ces dix dernières années montrent pourtant une fréquence élevée chez les sportives, qui varie de 28 à 80 % selon les disciplines, variant de 27 à 50 % chez les joueuses de tennis, même nullipares, alors qu'elle ne dépasse pas 20 % avant l'âge de 30 ans dans la population générale.
Un certain nombre de facteurs de risque identifiés
Les facteurs de risque classiquement reconnus dans la population générale sont congénitaux (par déficit quantitatif et qualitatif en collagène des ligaments et des tissus de soutien) ou acquis, après des accouchements difficiles (poids de naissance élevé, forceps, déchirure du périnée...). « D'autres facteurs de risque sont plus spécifiques aux sportives, explique le Dr Beillot. Le premier d'entre eux, et sans doute le plus important, est l'augmentation de la pression intra-abdominale (PIA) qui atteint des valeurs d'autant plus élevées que l'activité implique des impacts importants tels que sauts, course... » Au tennis, le risque est considéré comme modéré, avec en général des PIA qui ne dépassent pas 80 cm H20. De fréquentes inversions de commande y sont associées, avec absence de contraction anticipée des releveurs de l'anus lors d'une augmentation brutale de PIA et contraction paradoxale des abdominaux qui réalisent un « mur » abdominal sur lequel se heurtent les pressions alors réfléchies vers le périnée (la seule paroi souple de l'enceinte abdominale).
La prise en charge de cette pathologie nécessite une collaboration entre les médecins (médecin généraliste, médecin du sport, urologue ou gynécologue) et les entraîneurs. Le traitement de première intention est la rééducation périnéale avec des modalités adaptées aux résultats du testing des releveurs (coté de 0 à 5). Si le plancher pelvien est de qualité médiocre (testing inférieur à 3), la rééducation démarre par des séances d'électrostimulation, pour augmenter la force et la durée des contractions.
Rééducation et biofeedback
Secondairement, ou si le testing est d'emblée supérieur à 3, des séances de biofeedback sont réalisées avec contractions du périnée sur une sonde intravaginale et enregistrement EMG simultané des muscles antagonistes abdominaux (en raison des fréquentes inversions de commande), afin d'améliorer la proprioception de cette région souvent « ignorée » de la sportive. Une autorééducation à domicile est ensuite proposée avec des exercices d'autoentretien (mictions interrompues, gymnastique de verrouillage périnéal, port d'un cône vaginal...). Cette prise en charge se déroule en moyenne sur trois mois et, en cas d'échec, la sportive est orientée vers un spécialiste de l'urodynamique. Enfin, compte tenu des résultats parfois décevants de cette rééducation, des mesures de prévention fondées sur la gymnastique de verrouillage périnéal, l'utilisation de cônes vaginaux... prend toute son importance et devrait être proposée à toutes les jeunes femmes qui débutent une discipline à risque.
D'après un entretien avec le Dr Jocelyne Beillot, service de médecine du sport, CHU de Rennes.
Le tennis au service des grandes causes
Les plus grands noms du tennis mondial ont disputé le dimanche 25 mai (de 11 heures à 19 heures) des matchs destinés à des grandes causes puisque l'intégralité des fonds recueillis sera versé à cinq associations : Ensemble contre le SIDA, Vaincre la mucoviscidose, la Ligue nationale contre le cancer, le Comité national de lutte contre le tabagisme et la fondation Philippe-Chatrier(maladie d'alzheimer).
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