LES FEMMES de 50 à 74 ans ont peur du cancer du sein, notamment celles qui ne se sont jamais fait dépister. Une étude qualitative de l'Institut national du cancer (Inca), menée en partenariat avec Ipsos Santé, auprès de 70 d'entre elles, met en lumière les réticences que certaines formulent à l'égard de la palpation ou de la mammographie. « Se faire dépister, c'est entrevoir la maladie », témoignent-elles. Dans le même temps, le dépistage implique une autre relation à la médecine, suppose une attention accrue au corps en dehors de tout signe alarmant, ce qui n'est pas encore entré pleinement dans les mœurs. Par voie de conséquence, il « n'est pas perçu comme une avancée ». Enfin, le dépistage du cancer du sein organisé, généralisé à l'ensemble du pays depuis mars 2003, associé dans les esprits à une opération « de masse », est jugé « peu qualitatif et insuffisamment personnalisé ».
Face à cette image dépréciée du dépistage, que l'on retrouve pour d'autres tumeurs malignes qui gagneraient à être détectées avant que le mal ne ronge, l'Inca cherche à instaurer « une culture du dépistage ».
Les cancers en chiffres : nouveaux cas et décès selon l'année
13 novembre-10 décembre : 1re campagne.
« Nous voulons dédramatiser le dépistage, le normaliser », affirme le Pr David Khayat, président de l'institut. Du 13 novembre au 10 décembre, trois spots, de trente à quarante secondes, devraient servir à modifier les représentations liées au dépistage de quatre tumeurs malignes. « Cancers du sein, 11 000 morts par an, du col de l'utérus, 1 000, de la peau, 1 400, et du côlon, 16 000, il est temps de voir le dépistage autrement. » « Non, faire une mammographie ne doit pas inquiéter. C'est une démarche de prévention. » « Oui, un frottis est un dépistage du col de l'utérus et des milliers de femmes en font régulièrement. » « Non, un dépistage du cancer de la peau n'est pas un geste compliqué. » - Le cancer colo-rectal, qui est le troisième cancer le plus fréquent chez l'homme et le deuxième chez la femme, ne fait pas l'objet d'un film, car la généralisation du dépistage ne sera effective qu'à partir de 2007.
A travers ces messages, l'Inca espère lever l'angoisse des uns et l'ignorance des autres, et écarter toute attitude de déni. Le 14 novembre, l'opération sera doublée par une annonce dans la presse quotidienne, régionale et nationale, rédigée en ces termes : « Une avancée majeure a été faite dans la lutte contre le cancer : le dépistage. »
10 janvier-10 février : deuxième campagne.
En plus de ce travail de communication sur les idées que se font les gens du dépistage, l'institut se propose d'agir, toujours par le biais des médias, sur les comportements des personnes. Les 8 millions de femmes de 50 à 74 ans seront les premières concernées avec le cancer du sein.
Alors que seulement deux femmes sur cinq répondent à l'invitation des pouvoirs publics de passer gratuitement une mammographie, l'Inca entend donner un nouvel élan au dépistage organisé du cancer du sein. Il souligne que le dispositif est structuré « autour d'une exigence de qualité ». Le système tel qu'il fonctionne aujourd'hui est évalué et répond à des critères stricts et précis que sont la double lecture des clichés - « Et on sait que 8 % des cancers qu'on n'a pas vus à la première lecture le sont à la seconde » -, le niveau d'expertise des radiologues et la possibilité de choisir son médecin, explique le Pr David Khayat. Il est temps, en somme, que le dépistage soit organisé « autrement ». Du 10 janvier au 10 février, un spot TV redonnera « du sens » à la lettre qu'adressent aux femmes des associations départementales (financées par l'assurance-maladie, l'Etat et les conseils généraux) pour les convier à un examen de dépistage. Ce courrier, qui fait office de bon de prise en charge pour une mammographie, est renouvelé tous les deux ans. « Le dépistage organisé du cancer du sein : la meilleure façon de se faire dépister », dit un spot de 30 secondes. En même temps, les témoignages de quatre femmes seront publiés dans la presse magazine et senior : toutes ont choisi le dépistage organisé, pour s'en remettre à deux radiologues plutôt qu'un, pour être suivies par les meilleurs spécialistes ou encore pour avoir affaire à des professionnels en qui elles ont totalement confiance.
La presse médicale sollicitée.
Avant le démarrage de la campagne grand public sur le dépistage organisé du cancer du sein, la presse médicale sera mise à contribution le 8 décembre. Quatre pages rédigées par l'Inca seront encartées dans cinq titres de journaux et revues, dont le « Quotidien », qui donneront quelques clés aux généralistes, gynécologues et cardiologues sur la meilleure façon d'inciter les femmes à participer au dépistage organisé du cancer du sein.
Conformément au plan Cancer 2003-2007, l'Inca pense pouvoir rallier 70 % des femmes de 50 à 74 ans au dépistage, ce qui permettrait de réduire la mortalité de 25 %.
Le cancer du sein est le plus fréquent de tous les cancers de la femme (38 %). Environ 40 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, soit moitié plus qu'en 1980.
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