«On va mobiliser les DAM pour dépister les hommes…» D’un bon mot, Roselyne Bachelot résume les deux cibles privilégiées par cette campagne qui pour la troisième année consécutive tentera de convaincre de l’utilité du dépistage du cancer colorectal pendant tout le mois de mars. La campagne 2010 vise en effet à recueillir l’adhésion massive des médecins traitants, d’une part, et de leur patientèle masculine, d’autre part. Le but étant de passer d’un taux moyen de dépistage de 42% actuellement à 50%, un seuil qui permettrait d’éviter 15 à 20% de la mortalité par cancer colo-rectal, « un bénéfice énorme en terme de prévention,» résume Dominique Maraninchi, président de l’Institut National du cancer (Inca).
Concernant les médecins généralistes, l’Inca a passé un accord avec la cnamts pour que celle-ci mette à disposition la totalité de son réseau de délégués de l’assurance maladie. Chacun des 45 000 praticiens sera donc visité par un DAM qui lui remettra des documents d’information ad hoc sur le dépistage par Hemoccult®. Un kit d’information est également mis à la disposition des structures départementales chargées de l’organisation des dépistages. Comme le rappelle Roselyne Bachelot, le médecin généraliste « est à la manœuvre dans de dépistage»: il a en effet un rôle central puisqu’après avoir reçu un courrier d’invitation, c’est chez lui que les personnes de 50 à 74 ans se rendront pour se voir remettre et expliquer le test. Lors des premières expériuences pilotes, on a en effet pu mesurer que le taux de participation à la campagne était multiplié par trois quand le médecin remettait le test à son patient. On compte sur lui également pour convaincre les patients à réaliser une coloscopie en cas de positivité du test, puisqu’à ce jour, il reste entre 10 et 15% de patients qui, dans cette situation, ne la font pas.
En attendant le test immunologique
Les hommes sont en particulier l’objet de toutes les attentions cette année. Tout simplement parce qu’ils sont plus réticents au dépistage: 40% de participation contre 47% chez les femmes. Comme l’explique Dominique Maraninchi, «ils ont parfois des comportements de prévention paradoxaux.» De fait, outre une relance des spots télé de l’an passé du 6 au 30 mars à destination du grand public en général, une campagne plus spécifique aux hommes sera développée dans la presse plus masculine (L’Equipe, Auto Plus, Télé 7 jours,...) sur le thème « 5 minutes aux toilettes peuvent vous sauver la vie.»
Le but de cette nouvelle opération de communication est de répondre à un des objectifs du plan cancer d’augmenter de 15% les dépistages, notamment en ciblant en direction des publics moins favorisés ou plus éloignés du circuit habituel de soins. Comme le souligne Dominique Maraninchi, la France n’a pas rougir de ses résultats: « Il n’y a pas de pays au monde qui, en ciblant 16 millions de personnes arrive déjà à en toucher 6 millions.» Pour autant, le patron de l’Inca estime encore insuffisants les résultats de ce programme de dépistage qui a été généralisé en 2008. De fait, parmi les 18 premiers départements à avoir démarré le dépistage depuis plus de cinq ans, les taux de dépistage demeurent encore hétérogènes : 51 % dans l’Allier et en Ille-et-Vilaine, mais 35% seulement dans l’Essonne ou dans le Calvados.
Le caractère relativement contraignant du dépistage actuel par Hemmocult® (des prélèvements sur trois selles consécutives sont nécessaires) serait-il pour quelque chose dans les réticences d’une partie de la population ? Possible. De ce point de vue, les choses pourrait changer l’année prochaine, puisque des expérimentations sur trois tests immunologiques sont actuellement en cours dans sept départements (Côte d’Or, Indre-et-Loire, Ille-et-Vilaine, Cher, Allier, Haut-Rhin, Clavados). Plus simples d’utilisation, mais aussi plus précis, ces test pourraient aider à la mobilisation autour du dépistage. Mais aux yeux de la ministre de la santé, cette perspective ne doit faire faiblir la mobilisation cette année: « Même si ce sera sans doute plus efficace et plus pratique, il n’y aucune raison pour attendre le test immunologique,» insiste Rolseyne Bachelot.
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