L’INSTITUT national du cancer connaît le nom de son nouveau président, ou tout du moins de la personne qu’il souhaiterait voir succéder au Pr David Khayat. Il appartient au chef de l’Etat d’y souscrire en prenant un décret de nomination attendu d’ici au 15 septembre.
C’est hier, 6 septembre, que le conseil d’administration (CA) de l’Inca s’est réuni pour proposer à Jacques Chirac un successeur au Pr David Khayat, démissionnaire le 1er août après avoir occupé un peu moins de treize mois le siège de la présidence. La dernière réunion du CA, consacrée aux grandes orientations stratégiques de l’institut, remontait à la fin de juillet.
A la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (Fnclcc), à la Ligue nationale contre le cancer (Lncc) et à la Fédération hospitalière de France (FHF), respectivement présidées par le Pr Thomas Tursz, le Pr Henri Pujol et Claude Evin, tous trois membres du conseil d’administration de l’Institut*, l’homme de la situation est l’actuel responsable du conseil scientifique international de l’Inca : le Pr Dominique Maraninchi, ancien patron de la Fnclcc, qui anime l’institut Paoli-Calmettes de Marseille et coordonne le cancéropôle Paca. Face aux «interrogations sur son fonctionnement qu’a connues l’Inca» depuis sa création le 7 juillet 2005, il est «nécessaire de préserver l’esprit du plan Cancer (2003-2006), qui a recueilli la très forte adhésion des professionnels», explique au « Quotidien »le Pr Thomas Tursz, directeur de l’institut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne). Pour lui, comme pour Claude Evin et Henri Pujol, «le départ d’un homme ne saurait être interprété comme l’échec de la cancérologie et des professionnels de la discipline». C’est donc la continuité dans l’action du plan Cancer qui doit déterminer le renouvellement de la présidence. «Il importe que l’Inca s’inscrive dans la durée, au-delà des échéances politiques.»
Le Pr Tursz ne cache pas son avis quand il évoque l’institut «piloté d’en haut, par le pouvoir politique», l’institut, lieu d’opposition entre la Direction des hôpitaux, l’Inserm et le Cnrs, ou encore l’institut privé du concours actif de son conseil d’administration dans la définition de ses orientations stratégiques et financières.
Pour une nouvelle gouvernance.
«Nous voulons un outil efficace, qui trouve sa juste place entre les ministères de tutelle que sont la Santé et la Recherche. Il doit redevenir, en somme, le groupement d’intérêt public qu’il est sur le papier, associant harmonieusement l’Etat, les partenaires privés, le monde de la recherche et les patients.» C’est à ce prix que l’Inca, un peu comme l’Agence nationale de recherche sur le sida, «facilitera le système, le dynamisera, au lieu de le complexifier dans le paysage hospitalier. Il en va de la nouvelle gouvernance.»
C’est forts de cette volonté que les responsables des trois fédérations, Thomas Tursz, Claude Evin et Henri Pujol, estiment que le Pr Dominique Maraninchi est le plus habilité à diriger l’Inca. «Son action et son expérience, associant étroitement les soins et la recherche clinique», constituent à leurs yeux des garanties, sans compter que Dominique Maraninchi est un pionnier de la «culture patient», avec la création des comités de malades en milieu hospitalier. Suprême qualité, ce bâtisseur du plan Cancer «est ancré dans la réalité de terrain, non dans le discours politique».
On peut imaginer que le président de la République, «qui a porté politiquement David Khayat à la tête de l’Inca», saura entendre «la cancérologie d’en bas».
* Le conseil d’administration réunit six représentants de l’Etat, un de l’Inserm, un du Cnrs, un de la Cnamts, un de la MSA, un de la Canam, deux de la Ligue contre le cancer, un de l’ARC, deux de la FHF, un de la Fédération de l’hospitalisation privée, un de la Fnclcc, un de la Fehap et huit personnalités qualifiées nommées par les ministères de la Santé et de la Recherche.
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