« 5 x 2 », de François Ozon

L'impossible vie à deux

Publié le 31/08/2004

Article réservé aux abonnés

« ON COMMENCE comme du Bergman, et on terminera comme du Lelouch », plaisantait François Ozon lors du tournage. Une boutade, qui peut expliquer la déception face au nouvel exercice du surdoué François Ozon, après « Sous le sable », « Huit femmes » et, dans une moindre mesure, « Swimming Pool ». On commence par la fin de l'histoire, comme c'est devenu la mode (« Memento », « Irréversible »...), la fin d'un couple, devant le juge qui prononce le divorce. Suivent quatre autres moments de leur vie à deux, jusqu'au premier, la rencontre sur une plage, au soleil couchant, image que le cinéaste revendique du type « Nous Deux » (titre qu'il a un moment pensé donner à son film).
Ces épisodes sont plus ou moins forts et l'on n'aura guère d'explications sur le comportement de l'un ou de l'autre, car Ozon a voulu laisser le film ouvert pour que « les gens comblent les ellipses en y mettant leur propre histoire ». Ce serait une excellente initiative si ce que vivent Marion et Gilles, de l'émerveillement premier aux incompréhensions, n'était si tristement banal. Et si les difficultés de la vie à deux n'étaient aussi vieilles qu'Adam et Eve.
Pourtant bon metteur en scène, Ozon ne parviendrait pas à nous passionner pour son scénario (écrit avec la collaboration d'Emmanuèle Bernheim) n'était la présence de Valeria Bruni-Tedeschi. Sur son visage et dans le jeu de son corps souple passent toutes les émotions et les interrogations possibles. Elle sait exprimer les déceptions de Marion comme l'appétit de bonheur qui ne disparaîtra jamais totalement. Stéphane Freiss n'est pas mal non plus et l'on croit à ce couple qui se veut archétype. En contrepoint, le couple des parents de Marion, qui ne se supportent pas mais ne peuvent vivre l'un sans l'autre, est incarné avec jubilation par Michael Lonsdale et Françoise Fabian.
Comment vivre à deux ? S'il y avait une réponse, cela se saurait. Ozon a su au moins trouver les parfaits interprètes de cette intemporelle interrogation.

> R. C.