LES MINISTRES de la Santé et de la Recherche, Philippe Douste-Blazy et François d'Aubert, ont présenté, lors d'une visite à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), le décret autorisant en France l'importation de cellules souches embryonnaires. Il s'agit d'un décret pris en application de la loi sur la bioéthique du 6 août dernier qui révise le texte de 1994. Publié au « Journal officiel » le 30 septembre, il autorise pour la première fois en France l'importation de cellules souches d'embryons humains sans projet parental (« le Quotidien » du 4 octobre). Le ministre de la Santé a précisé qu'il s'agissait d'un « dispositif transitoire », lequel permettra aux chercheurs français d'entamer leurs travaux sur les cellules souches embryonnaires et de répondre en urgence aux appels d'offre de la Commission européenne le mois prochain.
Au printemps 2005, un nouveau décret devrait autoriser la recherche sur les embryons congelés surnuméraires, une recherche autorisée « à titre dérogatoire » pendant cinq ans, selon les termes de la loi bioéthique.
« Il faut sortir des polémiques », a indiqué Philippe Douste-Blazy, qui préfère parler de « clonage scientifique » plutôt que de clonage thérapeutique. « D'ici là, les chercheurs utiliseront des embryons importés de l'étranger », a-t-il précisé en évoquant les espoirs de nouvelles thérapies issues de la médecine régénérative (pour le diabète notamment, la maladie de Parkinson et les affections cardio-vasculaires).
Recensement des embryons.
Le ministre a, par ailleurs, annoncé le lancement d'un recensement précis de tous les embryons humains actuellement congelés dans l'Hexagone. « Actuellement, selon une première estimation, on évalue le nombre d'embryons congelés à plus de 118 000, dont 22 000 sont congelés depuis plus de cinq ans. » Toutefois, 55 % d'entre eux font toujours l'objet d'un projet parental. « Il n'est donc pas question d'y toucher, a-t-il assuré, en soulignant sa ferme opposition au clonage reproductif. Il n'est pas normal que l'on mette dans le même panier le clonage reproductif et le clonage scientifique.L'ONUdoit prendre position afin que le clonage reproductif fasse l'objet d'une condamnation internationale. »
Le ministre de la Recherche, François d'Aubert a pour sa part jugé que « la recherche sur les cellules souches est un enjeu mondial ». Interrogé sur les raisons du retard de la France en matière de recherche sur les cellules souches embryonnaires, le Pr René Frydman a estimé qu'elles étaient « idéologiques ». « Il y avait une opposition qui restait sur la possibilité de travailler sur des cellules sur lesquels il y avait un investissement affectif. » Mais à partir du moment où il n'y a pas de projet d'enfant, « ils sont une source d'espoir », a rappelé le gynécologue. « Cependant, il faut que les moyens suivent. Le saupoudrage ne suffira pas » à rivaliser avec des pays comme les Etats-Unis, qui investissent de grosses sommes dans ce domaine d'excellence hypercompétitif.
Philippe Douste-Blazy a observé que la signature de ce décret était une première étape avant la création, en janvier prochain, de l'Agence de la biomédecine.
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