DIFFICILE encore aujourd’hui d’estimer le nombre de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en France. Dans son rapport du 6 juillet 2005, l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (Opeps) situait néanmoins le chiffre autour de 850 000. Chaque année, ce sont près de 250 000 nouveaux cas qui sont diagnostiqués. Une maladie dont l’ampleur ne va cesser de croître inéluctablement du fait du vieillissement de la population française. D’ici à 2020, 1,3 million de personnes en seraient atteintes. Des chiffres qui pourraient même doubler à l’horizon 2040.
Compte tenu de l’absence de traitement curatif, le diagnostic précoce est le seul moyen de ralentir l’évolution de la maladie et la perte d’autonomie et d’améliorer la qualité de vie des malades et de leurs proches. Il existe en effet des traitements médicamenteux, principalement les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (IAC) et la mémantine. Les IAC, indiqués pour les cas légers à modérés, ne sont efficaces que s’ils sont administrés précocement. Or, à son stade léger, la maladie est le plus souvent ignorée de tous, y compris des professionnels de santé non spécialistes. Une démence sur deux seulement est diagnostiquée ; une sur trois pour les stades les plus précoces. Et il s’écoule en moyenne deux ans entre les premiers symptômes et le moment où la maladie est diagnostiquée. Il est vrai que, dans ses prémices, la maladie d’Alzheimer n’est pas aisée à distinguer d’un vieillissement cérébral normal. C’est pourquoi, parmi d’autres mesures prévues cette année (voir ci-contre), la Direction générale de la santé va mettre en place un programme de formation de « formateurs relais » afin d’améliorer le repérage des signes précoces. «Des outils simples de dépistage des troubles cognitifs permettraient de raccourcir les délais de prise en charge des malades et de leur famille», souligne le Dr Yves Coquin, adjoint au directeur général de la Santé.
Le généraliste à la source du dépistage.
Le diagnostic précoce s’effectue à partir de l’âge de 70 ans via un examen neuropsychologique qui permet d’isoler la maladie d’Alzheimer d’autres causes de troubles cognitifs. Le recours aux spécialistes étant encore très insuffisant, le passage en consultation de médecine générale constitue un moment décisif dans la présentation d’un cas potentiel d’Alzheimer à un spécialiste. «Même pour un spécialiste, il n’est pas non plus toujours facile d’effectuer un diagnostic neuropsychologique sur un patient présentant des déficits visuels ou auditifs ou des pathologies multiples», souligne Catherine Helmer, épidémiologiste chargée de recherche à l’Inserm. Beaucoup de malades, de leur côté, ne reconnaissent pas leurs troubles ou les dénient. «Aujourd’hui, on considère qu’il est relativement normal à un âge avancé de perdre la tête.» Les conséquences du défaut de détection sont nombreuses : espérance de vie réduite pour les malades, risques d’accidents de la route ou domestiques, recours anarchiques au système de santé, détresse des familles... Mais il n’existe pas encore d’études officielles pour justifier plus «administrativement» que «médicalement» un dépistage généralisé.
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