DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE CANCER, première cause de mortalité en France, reste au coeur des préoccupations. Midi-Pyrénées ne fait pas exception. Dans cette région, dotée d'un observatoire qui fait office de précieux indicateur pour éclairer la situation épidémiologique du cancer au niveau national (le registre des cancers du Tarn), on scrute à la loupe les comportements de la population vis-à-vis de la maladie, ses habitudes et ses éventuels freins au dépistage. Le cancer a d'ailleurs été classé parmi les cinq grandes priorités régionales de santé. Une session d'information à l'attention du grand public et des professionnels de santé vient même d'être organisée à Albi, afin de sensibiliser le public sur les nouveaux enjeux du dépistage. L'occasion de présenter les dernières données de l'observatoire, mais aussi de faire le point sur l'état des savoirs et des pratiques et sur les actions à recommander.
Le dépistage organisé est présenté comme un levier important de la baisse de la mortalité, à condition qu'il touche au moins 70 % de la population. À ce jour, en France, la couverture n'excède pas 45 % de la population, alors qu'elle frôle les 55 % dans le Tarn, considéré comme un département modèle.
Néanmoins, tous les cancers ne sont pas éligibles à ce dépistage. «Seuls les cancers de la prostate, du côlon, du sein et du col de l'utérus réunissent les conditions nécessaires au test, explique le Dr Martine Sauvage, médecin épidémiologiste et responsable du registre du Tarn. Grâce au dépistage organisé, la mortalité peut être réduite de 30% pour le cancer du sein et de 20% pour le cancer du côlon», estime la spécialiste.
Les principaux freins au dépistage restent psychologiques. L'image de cette maladie est toujours aussi redoutée, 93 % des Français la placent en tête des pathologies sévères. «Voilà pourquoi les gens se mettent dans un mécanisme de défense qui consiste au déni du risque et à l'évitement de la maladie», constate le Dr Bernard Desclaux, psychiatre à l'institut Claudius Regaud.
Le médecin mise pourtant sur le dépistage oncogénétique, qui vise, chez une population ciblée, à chercher des gènes de prédisposition au cancer. «Une démarche importante, même s'il est difficile d'informer rationnellement dans de telles circonstances», estime-t-il.
En Midi-Pyrénées, le registre du Tarn tient donc très précisément les «comptes de la maladie». Le nombre de nouveaux cas de cancers survenus dans la région est estimé à 13 700 (données 2005), un nombre qui a augmenté de 35 % en dix ans.
Des actions de proximité.
Malgré cette augmentation, les taux d'incidence de la maladie restent bien inférieurs à la moyenne nationale. Sur la même période, plus de 6 700 personnes sont décédées chaque année d'un cancer, mais la mortalité régionale reste là aussi largement en dessous de la moyenne nationale. Deux cent sept hommes pour cent mille décèdent du cancer en Midi- Pyrénées contre 244 en moyenne nationale. Chez les femmes, le chiffre est de 108 pour 100 000 dans la région, contre 120 en moyenne nationale. L'observatoire vient par ailleurs de faire le point sur la politique de dépistage du cancer du sein et les données révèlent d'importantes disparités selon les départements. Le Gers et le Tarn-et-Garonne, départements ruraux, arrivent en tête, avec des taux respectifs de participation au dépistage organisé de 58 et 59 % en 2006-2007. Tandis que la participation n'excède pas 33 % en Haute-Garonne.
Pour expliquer ce chiffre, le Dr Sauvage avance deux hypothèses. «D'une part, un grand nombre de cabinets de radiologie toulousains avaient déjà investi dans des dispositifs de mammographie numérisés, alors qu'ils étaient interdits dans le cadre du dépistage organisé jusqu'en janvier 2008, estime-t-elle. D'autre part, il est vrai que les médecins généralistes résistent un peu. Les études médicales accordaient jusqu'à aujourd'hui peu de place à la prévention. Pour toutes ces raisons, j'espère que ces chiffres évolueront rapidement.» Dans le Gers, en revanche, le message de prévention est bien passé, alors que, il y a cinq ans, les données du registre des cancers pointaient un important déficit dans ce département. Pour Vincent Sarlon, médecin coordonnateur, «la situation s'est améliorée uniquement grâce à l'adhésion des professionnels de santé et des radiologues. Nous avons mené des actions de communication de proximité et cela a payé.» À bon entendeur.
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