LE ROTAVIRUS est le principal responsable de diarrhées sévères des nourrissons et des jeunes enfants. Selon les estimations, il tuerait 500 000 enfants par an dans le monde.
Aux États-Unis, il y encore peu de temps, il était, chaque année, à l'origine d'environ 400 000 consultations de médecine générale, de plus de 200 000 consultations en service d'urgence et de 50 000 à 70 000 hospitalisations. Toutefois, comme en témoignent plusieurs présentations lors du dernier congrès de l'ICAAC, la situation a beaucoup évolué outre-Atlantique depuis la commercialisation du vaccin en août 2006.
Jay Lieberman (Cypress, Californie) a étudié les chiffres de Quest Diagnostics, la plus grande banque de données du pays, et a constaté que, depuis la commercialisation du vaccin, le pourcentage de tests positifs à rotavirus est passé de 26 à 7,8 %, ce qui correspond à une baisse de 76 % du nombre de positifs et de 70 % du taux de positivité. Mais il est intéressant de constater que le nombre de tests positifs a baissé dans toutes les tranches d'âge, y compris chez les enfants de 2 à 5 ans, qui n'ont probablement pas été vaccinés pendant cette période. Pour Jay Lieberman, cela suggère que la vaccination des jeunes enfants confère une immunité de groupe. La baisse a été constatée partout dans le pays, avec cependant quelques variations régionales importantes, puisque les chiffres variaient entre 23 et 97 %.
Ce recul de la maladie a également été souligné par Umesh Parashar (Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta) qui a aussi constaté que, comparativement aux années précédentes, il y a eu au cours de la saison 2007-2008 une nette diminution du pourcentage de tests positifs, mais aussi, semble-t-il, une diminution de la gravité de la maladie. En effet, selon les données provenant d'un réseau d'hôpitaux qui suivent de près l'activité du rotavirus, il y a eu en 2007-2008 moins d'hospitalisations, moins de consultations dans un service d'urgences et moins de visites de médecins, avec des baisses pouvant atteindre 80 %, comparativement à l'année précédente. D'après Umesh Parashar, il ne fait aucun doute que cette évolution coïncide avec l'élargissement de la vaccination. En mars 2008, environ 60 % des nourrissons de moins de 3 mois dans différents sites sentinelles avaient reçu au moins une dose du vaccin. Toutefois, les modifications de l'activité du virus semblent plus importantes que ne le laisseraient prévoir les effets protecteurs directs de la vaccination. Pour Umesh Parashar, cela pourrait traduire le fait que le niveau de vaccination actuel parmi les enfants diminuerait la propagation du virus aux sujets non vaccinés dans la population générale.
Comme l'a souligné Irini Daskalaki (Philadelphie), ces changements dans l'épidémiologie du rotavirus se sont traduits en pratique par une diminution très sensible du nombre d'hospitalisations pour diarrhée sévère depuis la mise en place de la vaccination. En effet, au Saint Christopher's Hospital for Children de Philadelphie, alors qu'au cours des sept années précédentes il y avait eu, en moyenne, 127 hospitalisations liées au rotavirus, il n'en a été recensé que 38 dans l'année qui a suivi la commercialisation du vaccin. Par ailleurs, alors que l'épidémie s'étendait en général de novembre à mai, avec un pic en mars, les premières hospitalisations n'ont été observées qu'à partir du mois de mars et il n'y a pas eu de véritable pic durant la première saison.
En France
L'infection à rotavirus serait responsable, chaque année, en France, d'un peu plus de 180 000 épisodes de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de 3 ans. Parmi eux, près de 100 000 s'accompagnaient de manifestations sévères. Le rotavirus serait à l'origine de 97 000 consultations en ville par an, dont 70 000 chez un médecin généraliste et 27 000 chez un pédiatre. Le nombre annuel d'hospitalisations est estimé à un peu plus de 18 000 chez les moins de 3 ans.
On considère que la vaccination des enfants avec une couverture de 75 % permettrait d'éviter environ 89 000 cas de diarrhées, un peu plus de 10 000 hospitalisations et 8 décès par an (le nombre annuel de décès est estimé à 13 par an, dont 8 à domicile).
Melliez H, et coll. Efficacité et coût-efficacité de la vaccination contre le rotavirus en France – Institut de veille sanitaire, novembre 2008, 17. Disponible sur www.invs.sante.fr.
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