UNE ETUDE transversale répétée a été menée dans la région Poitou-Charentes (1,7 million d’habitants) pour répertorier la progression de l’hépatite C dans le temps, analyser les modifications des caractéristiques de la population dépistée et apprécier l’application des recommandations émises par les experts et les campagnes médiatiques, dans le cadre des programmes nationaux de lutte contre l’hépatite C (1999-2002 et 2002-2005) sur le dépistage et la prise en charge de l’hépatite C. Cette étude, réalisée en 2003, fait suite à deux autres, menées en 1997 et en 2000. Alors que ces précédentes études avaient évalué le dépistage de l’hépatite C, l’étude de 2003 s’est attachée aussi à évaluer la prise en charge des patients ayant une sérologie virale C positive. Cette enquête a été menée auprès des laboratoires d’analyses médicales biologiques de la région, privés et publics, sur les sérologies VHC prescrites sur une période de quatre mois (de février à mai 2003). Lorsque la sérologie était positive, les patients concernés recevaient une lettre d’information et les médecins prescripteurs étaient interrogés à l’aide d’un questionnaire épidémiologique et de suivi à douze mois. Les résultats obtenus ont été comparés à ceux des précédentes enquêtes réalisées en 1997 et en 2000 sur des périodes de deux mois. La méthodologie et l’analyse statistique ont été strictement identiques sur les trois périodes. Les résultats des questionnaires ont été analysés en fonction des recommandations de la conférence de consensus française sur l’hépatite C (2002). L’objectif était de savoir si ces recommandations avaient modifié l’attitude des médecins généralistes vis-à-vis du dépistage et de la prise en charge de leurs patients.
Stabilité des facteurs de risque.
Les résultats montrent que les campagnes d’information ont un effet bénéfique sur le dépistage. Ainsi, le taux annuel de couverture par le dépistage a progressé de 41 % – 2,3 % de la population était couverte en 1997 contre 3,7 % en 2003 – et s’est accompagné d’une diminution concomitante du nombre de sérologies positives : 3,2 % en 1997 contre 1,5 % en 2003. Le nombre de nouveaux cas a diminué, passant de 712 en 1997 à 433 en 2003. De nouvelles sérologies (56 %) ont été prescrites à des patients qui connaissaient déjà leur statut VHC positif ; 25 % d’entre elles étaient prescrites en confirmation d’un test positif effectué en moyenne six ans auparavant et 75 % pour une sérologie ancienne douteuse ou par erreur. Une pratique qui devrait changer, puisque les recommandations actuelles préconisent, lorsque la sérologie positive est connue, de rechercher directement l’ARN du VHC dans le sang par biologie moléculaire (PCR). Si cette PCR est négative, le malade est guéri, mais sa sérologie restera toujours positive. Si la PCR est positive, l’infection persiste et nécessite la poursuite de la prise en charge.
Le nombre de biopsies hépatiques a légèrement diminué, mais de manière non significative : 17 % en 2003 contre 29 % en 1997. Quant aux deux principaux facteurs de risque, transfusion et usage de drogue par voie intraveineuse, ils sont restés stables.
La prise en charge était inadéquate chez 42 % des patients en 1997, 33 % en 2000 et 34 % en 2003.
Trois patients sur 10 échappent au suivi.
Le pourcentage de patients échappant au suivi était respectivement de 26 %, 19 % et 29 %. Les usagers de drogues, plus âgés et avec une contamination plus ancienne, constituent la population la plus difficile à cibler parce qu’elle échappe au système de santé habituel. Dans ce groupe, le nombre de sujets traités est resté stable (17 %) avec une tendance non significative à une amélioration de la prise en charge. Un tiers d’entre eux échappe au suivi, soit la moitié des sujets perdus de vue à un an. Leur prise en charge est donc à améliorer et serait au mieux assurée dans les structures où ils sont déjà traités pour leur addiction.
L’utilisation des techniques non invasives d’évaluation de l’atteinte chronique du foie est une approche pertinente et adaptée. Le Fibroscan mesure l’élasticité du foie de façon non invasive et permet la visualisation des images hépatiques qui peut, dans certains cas, leur faire prendre conscience de la maladie. Enfin, l’utilisation de tests biochimiques tels que le FibroTest ou le Fibromètre permet d’évaluer la fibrose hépatique. Ces patients ont souvent les génotypes 2 et 3 du virus, qui répondent au traitement dans plus de 80 % des cas. Or leur prise en charge est assez tardive, de dix à douze ans après la contamination. Il est important de diminuer l’intervalle de temps entre la contamination, le dépistage et la prise en charge : plus les patients sont traités tôt, plus grandes sont les chances d’éradiquer le virus VHC, et meilleur est leur pronostic.
D’après un entretien avec le Pr Christine Silvain, service hépato-gastro-entérologie-assistance nutritive, Chru Poitiers.
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