Surpoids et obésité dans une population américaine

L'IMC lié à l'apport de graisses

Publié le 17/11/2004
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ENTRE 1971 et 2000, quatre études Nhanes (National Health and Nutrition Examination Survey) ont analysé l'apport calorique et la distribution des nutriments clés dans l'alimentation de la population générale américaine. Entre 1971 et 2000, l'apport calorique moyen a augmenté de 2 450 à 2 618 kcal chez les hommes et de 1 542 à 1 877 kcal chez les femmes. Dans la même période, la prévalence de l'obésité a augmenté aux Etats-Unis de 14,5 à 30,9 %. L'augmentation de l'apport calorique entre 1971 et 2000 semblait à première vue liée à un accroissement de la consommation d'hydrates de carbone, de 42,4 à 49 % de la ration chez les hommes et de 45,4 à 51,6 % chez les femmes.
Le pourcentage de l'apport calorique total lié aux protéines et aux graisses a diminué légèrement ou est resté relativement stable, même si l'apport lipidique a augmenté chez les femmes. La détermination d'une corrélation entre l'apport en macronutriments et le poids n'a pas été possible dans Nhanes. D'autres études ont suggéré que l'accroissement de l'apport en protéines ou en graisses pouvait contribuer à l'obésité. C'est dans ce contexte que se situe un travail réalisé par David Bencheritt (Paris et Atlanta) et Marian Apfelbaum.
Entre mars 2003 et avril 2004, les auteurs ont mis en place une étude sur une cohorte de 28 700 Américains (25 047 femmes et 3 653 hommes), complétée par un groupe de 1 593 personnes (1 159 femmes et 434 hommes) ; tous se considéraient comme en surpoids ou obèses. Ces sujets ont été recrutés sur le site WebMF Weight Loss Clinic, un site privé proposant, moyennant 60 à 100 dollars US, l'envoi d'un programme nutritionnel personnalisé. Dans un premier temps, les personnes inscrites répondent à un questionnaire détaillé sur leurs habitudes alimentaires. L'analyse de ces questionnaires a donné lieu à une présentation au cours du Congrès annuel de la Naaso.

Poids normal, surpoids, obésité.
La population étudiée (19 à 70 ans) a été répartie en trois groupes : sujets de poids normal (IMC < 25 kg/m2, n = 4 138), sujets en surpoids (IMC entre 25 et 30 kg/m2, n = 9 444), obèses (IMC > 30 kg/m2, n = 15 118).
Il apparaît que le nombre des calories consommées quotidiennement augmente selon l'IMC dans les deux sexes. Par rapport aux sujets de poids normal, ceux en surpoids consomment 4 % de plus de calories ; pour les obèses, ce chiffre est de 12 %.
La ration (pourcentage) de protéines consommées est apparue constante quelle que soit la valeur de l'IMC : entre 16 et 16,9 %, soit entre 85 et 95 g pour les femmes et entre 95 et 111 g pour les hommes. Les sujets obèses avaient un apport protéique journalier (en g/j) supérieur à celui des sujets de poids normal ou en surpoids.

L'apport en hydrates de carbone conforme aux recommandations.
La proportion d'hydrates de carbone est, elle aussi, assez similaire dans tous les groupes : de 44,73 % de la consommation quotidienne à 45,81 %, soit de 240 à 291 g pour les femmes et de 276 à 333 g pour les hommes. Globalement, 82 % des femmes et 80 % des hommes consomment chaque jour une quantité d'hydrates de carbone conforme aux recommandations américaines.
Enfin, la consommation de lipides était proportionnelle à l'IMC : 32,8 % (soit 78 g/j) pour les femmes de poids normal, 34 % chez les femmes en surpoids (85 g/j) et 36 % (102 g/j) pour les femmes obèses ; 31,7 % (91 g/j) pour les hommes de poids normal, 32,7 % pour les hommes en surpoids (92 g/j) et 35 % (116 g/j) pour les hommes obèses.
Pour les auteurs, une forte corrélation a été observée entre l'accroissement de la consommation de graisses et l'accroissement de l'IMC (corrélation particulièrement forte chez les femmes et les obèses. En revanche, l'étude n'a pas trouvé de corrélation entre l'excès pondéral et l'apport en hydrates de carbone et en protéines.

&gt; Dr PIERRE CONSTANT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7634