Huit siècles d'histoire en deux heures

Lille à travers ses hôpitaux

Publié le 01/09/2004

Article réservé aux abonnés

DE NOTRE CORRESPONDANTE

A LILLE, rares sont les quartiers qui n'ont pas abrité au cours des siècles un hospice ou une institution charitable accueillant les malades. Chaque étape a laissé sa trace architecturale.
Depuis le mois de mai, l'Association du musée hospitalier propose une visite guidée pour explorer ces lieux de mémoire. Le circuit - en minibus - dure pas loin de deux heures et démarre à l'Hospice gantois, fleuron de l'architecture lilloise, aujourd'hui reconverti en hôtel de luxe... Fondé par Jehan de Le Cambe au XVIIe siècle, il hébergeait les « vieillards » de... plus de 60 ans, à la condition expresse qu'ils aient une moralité irréprochable et des revenus à léguer à l'hôpital. La bâtisse a gardé sa vocation d'hospice jusqu'en 1990.
A l'époque des ducs de Bourgogne, les institutions étaient légion dans le quartier Saint-Saveur. La rue de Paris s'appelait d'ailleurs rue des Malades. Les patients contagieux, eux, étaient cantonnés hors de la ville, dans des léproseries et maladreries construites au-delà de la porte des Malades (aujourd'hui porte de Paris).
Un peu plus loin, le circuit nous entraîne dans le Vieux-Lille, à l'hospice Comtesse, fondé par Jeanne de Flandres en 1237 pour « le soulagement des pauvres ». Il fut jusqu'à la Révolution l'un des hôpitaux les plus importants et les mieux dotés de la ville. La salle des malades, longue de 40 mètres, laisse deviner la disposition des lieux : un alignement de lits le long des murs, juste séparés par un rideau. Les remèdes de l'époque provenaient du jardin tout proche où la congrégation cultivait ses plantes médicinales.
De l'autre côté de l'ancien canal de la Deûle se dresse l'Hôpital général, premier hôpital public de Lille, fondé par Louis XV afin de soigner les nombreux malades, mendiants et enfants abandonnés. Il fut financé par une taxe sur l'alcool et le vin.
Chemin faisant, le visiteur découvre l'hôpital militaire, la Catho et d'autres lieux chargés d'histoire, pour achever le circuit à la « Cité hospitalière », actuel Chru. Bâti par les mêmes architectes que l'hôpital Beaujon, à Paris, il se déploie en étoile autour d'un tronc central. Innovation de l'époque : pour la première fois étaient réunis sur un même lieu l'hôpital et la faculté. Aujourd'hui, le Chru totalise 10 établissements, 11 000 professionnels et 120 métiers. Nous sommes loin des premières maladreries du Moyen Age.
En deux heures, c'est près de huit siècles d'histoire que l'on parcourt, et, à travers elle, toute l'évolution de l'institution hospitalière, depuis l'accueil des pauvres et des enfants abandonnés, puis le début de médicalisation au XIXe siècle, jusqu'à la médecine de pointe aujourd'hui. Un survol instructif.

Chaque deuxième mardi du mois, au départ de l'Hermitage gantois, à Lille (rue de Paris), départ à 14 heures.

> FLORENCE QUILLE