JEAN-LOUIS TOURENNE, président PS du conseil général d'Ille-et-Vilaine, appelle tous les présidents des conseils généraux de France à s'opposer à ce qu'il considère être une «chasse aux mineurs». L'interpellation dans le métro, en mars 2008, de Julius, un jeune Angolais de retour d'une sortie scolaire (« le Quotidien » du 31 mars), a donné le signal de la mobilisation dans son département. Des médecins du CHU de Rennes se sont interrogés sur les conditions dans lesquelles sont mises en oeuvre la politique de l'immigration, notamment pour les mineurs, avec le recours aux tests osseux pour déterminer l'âge d'un enfant ou d'un adolescent. Des avis de l'Académie nationale de médecine et du Comité consultatif national d'éthique avaient jugé la méthode peu précise.
Aujourd'hui, Jean-Louis Tourenne dénonce des méthodes humiliantes : «On les interpelle n'importe où, au collège, dans les familles d'accueil, lors d'une sortie scolaire, devant leurs camarades. Puis ils sont conduits au commissariat et placés en garde à vue. On leur fait alors subir des tests osseux mais aussi des examens sur leur évolution pubertaire. C'est une dérive totale des valeurs de notre société.» Les enfants «n'en sortent pas indemnes», insiste-t-il.
Après la garde à vue, Julius, considéré après l'expertise comme un majeur, a été placé en centre de rétention administrative, un arrêté de reconduite aux frontières ayant été signé par le préfet. L'adolescent a finalement bénéficié d'un titre de séjour à titre «exceptionnel et humanitaire» reconductible chaque année trois fois. «Il s'en remet à peine», précise le président du conseil général.
Une situation nouvelle.
Comme lui, 98 mineurs isolés sont pris en charge par le conseil général d'Ille-et-Vilaine. «Aujourd'hui un jeune par semaine est interpellé. Entre vingt et trente ont eu à subir des tests osseux», précise le président. Une situation récente, qui a démarré en octobre-novembre de l'an dernier. «Avant, le problème était réglé dans le respect de la dignité des individus. Les jeunes étaient accueillis, scolarisés. Lorsqu'ils atteignaient l'âge de 18ans, on leur proposait un contrat jeune adulte de trois ans pour poursuivre leur formation et accomplir les formalités nécessaires pour faire valoir éventuellement leurs droits. Après, à 21ans, ou bien leur demande d'asile était acceptée, et ils restaient, ou bien elle était refusée, et ils rentraient chez eux», explique encore l'élu.
Il ne prétend pas remettre en cause la loi sur l'immigration mais s'inquiète d'une «politique du chiffre» qui touche les plus vulnérables. Il se défend de vouloir en faire une affaire politique et entend plutôt se placer sur le terrain du respect des droits de l'homme. Ce d'autant plus que les crédits affectés à l'hébergement des personnes en attente d'un jugement ou d'une décision de l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) ont été réduits de 50 %. «Cela revient à les mettre à la rue.»
Dans la lettre envoyée aux autres présidents, J.-L. Tourenne appelle à une mobilisation de tous, de droite ou de gauche. Les présidents de sept départements, tous de gauche, ont déjà répondu (Essonne, Charente, Loire-Atlantique, Allier, Puy-de-Dôme, Côte-d'Armor, Meurthe-et-Moselle), dont Claudy Lebreton (PS), le président de l'Assemblée des présidents des départements de France. Une lettre devrait être adressée au président de la République.
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