L’épidémie du diabète est de moins en moins silencieuse avec la multiplication de livre blanc et de rapports. L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) vient d’apporter sa contribution qui ne risque pas de passer inaperçue. L’ensemble des acteurs institutionnels reçoivent une volée de bois vert. À commencer par la Haute Autorité de santé (HAS) : « Les recommandations […] présentent des discordances temporelles qui en rendent peu aisée la lecture, alors qu’elles devraient être parfaitement claires pour le médecin notamment. » Surtout, les auteurs du rapport soulignent l’absence de mise à jour des différents guides. La Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) n’est pas davantage épargnée avec son programme Sophia. Lorsqu’il s’agit d’évaluer l’impact du programme, l’évidence « c’est que l’on ne peut pas conclure… aux effets positifs médico-économiques d’un programme, mis en place une année auparavant et qui montre seulement une amélioration des indicateurs de suivi sur un segment des assurés diabétiques, déjà mieux soignés que les autres ». Enfin, le Comité économique des produits de santé (CEPS) reçoit également un feu nourri de critiques. On notera ici le sens de la litote : « La position actuelle du CEPS de rembourser des spécialités dont les bénéfices de santé publique ne sont pas en rapport avec les coûts faciaux ou réels des spécialités n’est pas satisfaisante. »
L’éducation thérapeutique clouée au pilori
Au-delà des institutions, les auteurs tirent également à boulets rouges sur des concepts comme l’éducation thérapeutique chez les patients diabétiques de type 2. Leur efficacité serait non démontrée. Quant à l’adaptation aux besoins des malades, elle est qualifiée d’insuffisante. Sans parler du coût jugé important. L’Igas lui préfère le concept dans cette indication de gestion thérapeutique porté par le Haut Conseil en santé publique. Dans ce modèle, le médecin traitant collabore avec un infirmier. Avantage, elle serait « ciblée sur les patients qui ont le plus besoin ». Elle est enfin décentralisée sur les cabinets médicaux.
Les établissements hospitaliers ne sont pas oubliés dans cette critique à charge. Le nombre d’hôpitaux impliqués dans la prise en charge du diabète de type 1 chez l’enfant est pointé du doigt. Selon le président de l’Aide aux jeunes diabétiques (AJD), le professeur Jean-Jacques Robert, « il est excessif que 35 services hospitaliers prennent en charge à l’heure actuelle le diabète de l’enfant en région parisienne, les trois quarts de ces services possédant une file active inférieure à 50 enfants ».
C’est bien l’ensemble de la prise en charge d’une maladie chronique, ici le diabète, qui fait l’objet de cet audit. Avec un constat clair : nul ne sait aujourd’hui comment faire pour optimiser le système…
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