L'ETIOLOGIE de la sclérose en plaques (SEP) n'est pas à ce jour élucidée et l'hypothèse retenue est celle d'une maladie génétique complexe, conséquence de la présence simultanée de plusieurs facteurs génétiques. Il a été suggéré que le système immunitaire est activé probablement par des facteurs environnementaux s'attaquant au SNC de sujets génétiquement prédisposés à ce type de réactions auto-immunes.
Aucun gène susceptible de déclencher à lui seul une SEP n'a été identifié, mais certains gènes sont présents de façon plus fréquente au sein de familles dont plus d'un membre est atteint. On sait que l'affection touche le plus souvent des personnes d'ethnie caucasienne (le risque est de 1 pour 1 000) et se révèle plus rare chez les sujets d'origine asiatique ou africaine.
Une étape importante vient d'être franchie par les chercheurs du Serono Genetics Institute qui ont établi un registre de gènes impliqués dans la SEP. L'achèvement du criblage du génome l'année prochaine aboutira à un catalogue exhaustif des cibles thérapeutiques potentielles, ce qui devrait accélérer le développement de traitements innovants. Cette étude, à grande échelle, a été réalisée à partir de populations de Français, de Suédois et d'Américains, incluant 900 patients atteints de SEP et 900 individus indemnes.
La stratégie du criblage du génome par étude d'association génétique (Whole Genome Scan) consiste à comparer la totalité des génomes d'une population de patients et d'une population contrôle afin d'identifier l'ensemble des différences de séquence entre les deux génomes. De telles différences sont susceptibles de correspondre à une altération de la fonction des protéines correspondantes. Les chercheurs du Serono Genetics Institute ont utilisé la puce à ADN Genechip d'Affimetrix pour cribler plus de 100 000 SNPs (marqueurs génétiques répartis de façon homogène dans l'ensemble du génome) et les travaux seront poursuivis avec les biopuces Genechip de nouvelle génération, capables de cribler plus de 500 000 SNPs.
Les gènes HLA de classe II.
Parmi les gènes impliqués dans l'inflammation au cours de la SEP figurent les gènes HLA de classe II qui ont été caractérisés par l'équipe du Pr J. Hillert à l'Institut Karolinska en Suède. Quant au processus neurodégénératif dont on connaît l'importance dans cette maladie, le Pr D. Cohen (Serono) a rapporté le gène neuroregulin 1 (codant pour une protéine fabriquée par les cellules gliales), qui a été confirmé dans les trois populations de la SEP (ainsi que dans la schizophrénie), et le gène presenillin 2, qui est également connu chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
En raison de la destruction axonale qui débute très tôt dans la maladie, les spécialistes recommandent actuellement l'administration très précoce des traitements modifiant l'évolution de la SEP. Rebif (interféron bêta 1 a humain) semble agir sur l'activité du système immunitaire et sur la réaction inflammatoire. Il a démontré son efficacité pour retarder la progression vers une forme clinique bien déterminée de SEP.
Réunion internationale à Serono Genetics Institute (Evry), troisième société mondiale de biotechnologie.
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