Aliment santé
Ce sondage révèle la préoccupation quant à l'augmentation de la fréquence de l'obésité et à l'apparition de nouveaux risques de maladies liées à l'alimentation, mais aussi l'idée d'une nutrition préventive et curative. Les médecins, disposant d'une information plus complète et plus objective, ont un rôle à jouer vis-à-vis du grand public.
Selon le sondage réalisé en octobre par l'IFOP*, à l'initiative de l'institut Danone, l'événement le plus marquant des dix dernières années est l'augmentation rapide de l'obésité et le développement de troubles du comportement, tant pour le grand public (83 %) que pour les médecins (91 %).
En revanche, le climat d'insécurité alimentaire, très médiatisée ces dernières années, a marqué surtout le grand public, qui a pris conscience de l'importance de l'alimentation pour la santé et de l'apparition de nouveaux risques de maladie liés à l'alimentation. Les médecins (les généralistes comme les spécialistes) sont davantage sensibilisés à l'évolution des pratiques alimentaires (fast-food, grignotage, plateaux-télé) et au problème des repas de plus en plus déstructurés. A noter que la meilleure connaissance des liens qui existent entre la nutrition et le développement de certaines maladies (cardio-vasculaires, cancers, ostéoporose) est évoquée comme un événement marquant de façon consensuelle par le grand public (81 %) et par les médecins (86 %).
Pour les dix années à venir, l'analyse des faits considérés comme les plus marquants révèle peu de divergences entre grand public et médecins : là encore, le développement de l'obésité et la nécessité de la prévenir dès l'enfance se situent en première position. Ensuite sont cités : la découverte de nouveaux risques de maladie ; une meilleure information sur l'hygiène des produits et sur le respect de la chaîne du froid ; le développement d'aliments pour prévenir certaines maladies ; une plus grande vigilance des autorités gouvernementales et sanitaires en matière de contrôle des produits ; le développement de produits plus équilibrés sur le plan nutritionnel et l'utilisation d'aliments et/ou de compléments nutritionnels pour mieux vieillir.
Une protection cardio-vasculaire
Les liens forts existant entre les habitudes alimentaires et la santé sont notamment illustrés dans le domaine des maladies cardio-vasculaires. Après avoir souligné l'importance du régime pauvre en acides gras saturés mais riche en acide linoléique, les chercheurs ont attribué plus récemment à l'acide alphalinolénique (ayant une propriété antithrombotique) les vertus protectrices du régime crétois. On reconnaît désormais l'importance de l'équilibre entre ces deux acides gras polyinsaturés, car l'adoption du régime de type crétois a permis une réduction importante de la mortalité coronarienne, rappelle le Pr Serge Renaud (INSERM).
A la suite des crises alimentaires au cours des dernières années, de nouvelles approches en matière de sécurité et de qualité des aliments doivent désormais intégrer la notion de risque « perçu ». Comme le souligne M. Pierre Feillet (INRA), le risque de s'alimenter de manière déséquilibrée est supérieur à celui de consommer des aliments véhiculant des substances pathogènes (bactéries, virus, toxines végétales, moisissures). Les professionnels de l'industrie agroalimentaire ont mis en uvre de nombreux moyens pour prévenir la contamination ou l'altération des aliments. Aujourd'hui, ils doivent relever de nouveaux défis pour évaluer les risques des substances présentes dans les aliments, dont les effets néfastes à long terme ne sont pas exclus. Plusieurs techniques sont prometteuses, qu'il s'agisse de l'utilisation des puces à ADN pour explorer les atteintes métaboliques ou fonctionnelles provoquées par l'ingestion de plantes traitées par des pesticides, l'étude d'envergure Entrans Food afin d'étudier les effets des plantes transgéniques ou des techniques de « signature biologique » appliquées aux OGM.
* Auprès d'un échantillon représentatif de 1 002 Français et de 200 médecins (120 généralistes et 80 spécialistes).
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