LE PHENOMENE est en train de devenir systématique dans les conflits, en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, estime l'Unicef France. En 1996, on estimait à 200 000 le nombre des enfants soldats, alors qu'ils seraient aujourd'hui 300 000, répartis dans une vingtaine de pays en guerre : 8 000 en Afghanistan, 11 000 en Angola; 14 000 au Burundi, 15 000 en Colombie, 15 000 au Liberia, 76 000 au Myanmar, 12 000 en Ouganda, 30 000 en République démocratique du Congo, 1 3000 au Sri Lanka, 9 000 au Sud-Soudan. A elle seule, l'Afrique subsaharienne compte environ 120 000 enfants soldats. Aucun chiffre n'est avancé pour des pays comme l'Indonésie, le Népal, les Philippines, la Tchétchénie ou le Rwanda, où sévissent ces pratiques.
Cette comptabilité, forcément hypothétique, fait ressortir la « présence massive des filles » parmi ces militaires qui n'ont pas 14 ans. Selon Jacques Hintzy, président d'Unicef France, « il n'y a pas une guerre sans filles, qui ne sont pas seulement utilisées aux tâches logistiques, mais se battent également et subissent une barbarie sexuelle ».
Filles et garçons sont très largement exposés aux maladies sexuellement transmissibles, qu'ils ou elles soient victimes de viols, ou forcés à en perpétrer. En Afrique sub-saharienne, on estime d'ailleurs que les taux d'infection à VIH sont trois ou quatre fois plus élevés chez les combattants que dans les populations civiles locales. La séropositivité atteindrait 60 % dans les troupes en RDC et en Angola, rendant d'autant plus criminel le recours aux abus sexuels sur les enfants.
Des traumatismes psychologiques durables.
Aux blessures physiques parfois mortelles que subissent les enfants exposés en première ligne s'ajoutent des conséquences comportementales et traumatismes psychologiques durables : agressivité incontrôlable, terreurs, prises de risque (consommation d'alcool et de stupéfiants), anxiété, peur, dépression, phobies, comportements régressifs, inhibition affective ; ces jeunes vétérans, une fois démobilisés, connaissent des espoirs divers de résilience.
La pétition lancée sur ce sujet a déjà recueilli 10 000 signatures et sera remise à la fin de l'année au président Jacques Chirac ainsi qu'au secrétaire des Nations unies, Kofi Annan. Depuis 1999, le Conseil de sécurité a adopté pas moins de cinq résolutions qui condamnent le recours aux enfants-soldats, signe d'une prise de conscience internationale. L'Unicef, qui fête ses quarante ans, place cet anniversaire sous le signe d'une intensification de la mobilisation internationale. Elle demande « l'application systématique » des sanctions prévues contre les responsables de l'enrôlement de soldats mineurs : comparution systématique devant la Cour pénale internationale, interdiction de voyager, de participer à toute forme de gouvernance, de bénéficier d'une amnistie à l'égard des Etats contrevenants, des dirigeants des forces rebelles coupables de ces crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Un colloque est organisé cet après-midi, à 14 h 30, animé par le cinéaste Serge Moati, avec les participations d'Emmanuelle Béart (ambassadrice internationale de l'Unicef), de Jacques Hintzy et de plusieurs témoins, au Novotel Atrai Paris, Porte de Bagnolet (réservation au 01.44.39.77.66),pétition sur www.unicef.fr.
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