Liaisons dangereuses

Publié le 29/11/2013
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Aux yeux des pouvoirs publics, MG France est-il devenu LE « partenaire privilégié » salué par Marisol Touraine le week-end dernier à Marseille lors du 6e Congrès du syndicat ? à vrai dire, il l’était déjà depuis quelques mois. Mais la question n’est pas là. Elle est plutôt de savoir jusqu’où ce compagnonnage de plus en plus voyant avec le gouvernement mènera le syndicat de Claude Leicher. à ce stade, constatons qu’il a déjà porté ses fruits. à l’origine, il y a un an, de l’inclusion surprise dans l’avenant n°8 d’une première extension du forfait médecin traitant au-delà des ALD, MG France est en passe d’obtenir un second élargissement, cette fois aux jeunes patients de moins de 16 ans. Grand seigneur, Claude Leicher concède d’ailleurs, qu’il ne verrait pas d’opposition à ce que la mesure bénéficie aussi aux pédiatres…

MG France engrange donc les coups de pouce des pouvoirs publics et le fait savoir. En échange, il accompagne la réforme en cours. Sans avoir trop à se forcer d’ailleurs, puisque la « Stratégie nationale de Santé » correspond à peu près à tout ce qu’il souhaite depuis plusieurs années : plus de forfaits, plus de coordination, plus d’exercice collectif… Pour autant ce positionnement reste délicat à assumer. Car les médecins libéraux se montrent souvent sévères avec leurs représentants lorsque d’aventure ceux-ci poussent trop loin la logique contractuelle avec l’Etat ou la Sécu. Nombreux sont les signataires de conventions qui l’ont appris à leurs dépens. Et Claude Leicher lui-même est payé pour le savoir : ne doit-il pas son accession à la tête de MG France, il y a quatre ans au désaveu de son prédécesseur, qui, tel Icare, avait fini par se griller à tant se rapprocher de la politique de Roselyne Bachelot ?

Pour le patron du syndicat de généralistes, la marge est donc étroite. Pas question d’être associé aux erreurs et aux errements des pouvoirs publics. Le président de MG France le sait et a déjà amorcé un virage sur la question de la généralisation du tiers payant. Certes, il soutient toujours le processus, mais en avertissant bruyamment les pouvoirs publics qu’en aucun cas ce chantier ne devra se transformer en usine à gaz pour le médecin de base… Au-delà, Claude Leicher sera jugé à l’aune des moyens budgétaires obtenus pour la médecine générale dans la future loi de santé du printemps prochain. à Marseille, il a clairement signifié son impatience car il joue gros sur cette affaire. La ministre de la Santé l’a écouté attentivement. Mais l’a-t-elle vraiment entendu ?

Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : Le Généraliste: 2662