Journées francophones de pathologie digestive (SNFGE)
du 17-21 mars 2007 à Lyon
LES INHIBITEURS de la pompe à protons (IPP) ont transformé la prise en charge du RGO, rappelle le Pr Frank Zerbib. Ils permettent de soulager la majorité des patients et de guérir ou, plus exactement, de cicatriser de 80 à 90 % des lésions muqueuses. Néanmoins, malgré la cicatrisation de leurs lésions oesophagiennes, entre 20 et 30 % des patients restent symptomatiques. Une étude en pH-impédancemétrie, réalisée l'an dernier par la même équipe bordelaise, a montré que chez ces sujets les deux tiers des symptômes ne sont pas en rapport avec le reflux. Dans un tiers des cas, les symptômes correspondent à des reflux, mais généralement non acides. Les IPP diminuent la sécrétion gastrique acide. Mais pourquoi ces patients ressentent-ils les reflux non acides qui sont généralement non douloureux ?
C'est pour répondre à cette question que le Pr Zerbib a mis en oeuvre une nouvelle étude portant sur 20 patients symptomatiques sous IPP et 20 témoins adressés pour l'exploration d'un RGO, mais non traités. Tous ont eu une impédancemétrie et les caractéristiques des reflux enregistrés ont été mises en regard des symptômes décrits par les participants. Premier enseignement de cette étude : les patients symptomatiques sous IPP ont plus de reflux ressentis (28 %) que les sujets sans IPP. La différence vient d'une plus fréquente perception des reflux non acides : 26 % contre 12 % chez les patients non traités. Mais les reflux acides, bien que deux fois moins fréquents sous IPP, sont deux fois plus perçus : 42 % sous IPP contre 28 % sans traitement. Donc, comme l'explique le Pr Zerbib, ces patients symptomatiques sous IPP semblent bien avoir une hypersensibilité oesophagienne, puisqu'ils ressentent beaucoup plus les reflux acides et non acides.
Le pH a une influence sur la symptomatologie.
Chez les sujets non traités, les critères habituels des reflux ressentis ont été retrouvés. Les reflux sont d'autant plus perçus qu'ils remontent plus haut dans l'oesophage, autrement dit en cas d'extension proximale du reflux, et quand le pH est plus bas. Chez les patients symptomatiques sous IPP, trois caractéristiques des reflux perçus ont été mises en évidence : leur extension proximale, la position debout et la survenue dans l'heure précédente d'un reflux acide. Ces patients se plaignent de plusieurs types de symptômes qui correspondent à des reflux ayant des caractéristiques différentes. Les régurgitations sont associées à l'extension proximale du reflux, elles sont davantage ressenties lorsqu'elles contiennent de l'air. Les brûlures ou la toux surviennent quand le pH est plus bas. Ainsi, comme le note le Pr Zerbib, même sous IPP, le pH a une influence sur la symptomatologie et cela bien qu'il ne soit pas acide. Cette étude montre donc, d'une part, que les patients symptomatiques sous IPP ont vraisemblablement une hypersensibilité oesophagienne et, d'autre part, que les principaux facteurs associés à la perception d'un reflux sont son extension proximale et la survenue de reflux acides dans l'heure précédente.
D'après un entretien avec le Pr Frank Zerbib, hôpital Saint-André, Bordeaux.
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