Évaluer les bénéfices du refroidissement thérapeutique chez des patients présentant un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique : tel est l’objectif du programme EuroHYP1, vaste essai clinique de phase III mené à l’échelle européenne.
Pourquoi utiliser le froid dans l’AVC ? D’une part, des études expérimentales menées chez la souris ont permis de démontrer que l’hypothermie permet au cerveau de supporter plus longtemps la crise énergétique qu’est l’infarctus cérébral. D’autre part, l’usage thérapeutique de l’hypothermie a déjà fait la preuve de son efficacité dans deux situations cliniques d’hypoxie globale au cours desquelles le cerveau est brutalement privé d’alimentation : l’arrêt cardiaque et l’anoxie-hypoxie du nouveau-né. Il paraît assez logique que cette approche puisse être également bénéfique dans l’AVC ischémique, situation d’hypoxie, dans ce cas focale.
Objectif 34°
Toutefois, contrairement aux deux situations précédentes, en cas d’AVC, le patient ne peut pas être intubé-ventilé-sédaté du fait de la nécessité du monitoring de la fonction cérébrale. Il faut donc valider une technique qui permette, dans de bonnes conditions de confort, de refroidir les sujets à 34 °C, ce qui implique notamment de les empêcher de frissonner. En pratique, l’organisme peut être refroidi de deux façons : par une méthode externe, avec une couverture refroidissante, ou par une méthode interne, grâce à un cathéter fémoral faisant circuler un liquide à basse température.
Un traitement complémentaire
Ce concept de neuroprotection s’inscrit en complément du traitement conventionnel de l’AVC ischémique, en particulier de la thrombolyse. L’essai EuroHYP-1 doit inclure quelques 1 500 patients en Europe, qui, après confirmation du diagnostic d’AVC ischémique par imagerie, seront randomisés dans deux bras : traitement conventionnel versus traitement conventionnel et refroidissement dans les six heures après le début des symptômes. Le critère d’évaluation sera le handicap fonctionnel à trois mois.
Cet essai est limité aux AVC ischémiques ; l’impact de l’hypothermie dans les hémorragies cérébrales n’est pour l’instant pas connu, mais fait l’objet d’une étude de phase II en Écosse. Ses résultats seront tout à fait importants car l’idée, à terme, serait de refroidir tous les patients faisant un AVC avant l’hospitalisation et le bilan d’imagerie.
En France, cinq centres participent à cette étude qui devrait inclure environ 200 patients.
Le Pr Charlotte Cordonnier, qui coordonne l’essai dans notre pays, souligne que c’est la première fois qu’une étude dans l’AVC bénéficie d’un financement de la Commission européenne de cette ampleur, ce qui témoigne de la prise de conscience du poids de l’AVC dans nos sociétés et de la nécessité d’une union des forces de recherche européennes.
D’après un entretien avec le Pr Charlotte Cordonnier, neurologue, coordinatrice du programme EuroHYP-1 en France, CHRU, Lille.
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