En attendant la loi sur le droit opposable au logement

L’hypothermie, c’est toute l’année

Publié le 08/01/2007
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L’HYPOTHERMIE, définie par une température corporelle inférieure à 35 degrés Celsius, peut avoir, dans ses manifestations les plus graves, de lourdes répercussions notamment lorsqu’elle touche les sans domicile fixe qui cumulent fréquemment plusieurs facteurs de risque d’hypothermie tels que l’alcoolisme et des pathologies chroniques ou aiguës. Des recommandations de prise en charge en cas de grand froid ont été élaborées par le Samu social de Paris en novembre 2003, à destination des équipes concernées (équipes mobiles d’aide, EMA, numéro d’appel d’urgence 115, centre d’hébergement d’urgence simple, Chus, et centre d’hébergement avec soins infirmiers). Elles comprenaient des informations relatives à l’hypothermie et la conduite à tenir face à un tel diagnostic.

Afin de mieux préciser les recommandations, une étude a été réalisée à partir des fiches d’intervention remplies par les infirmier(e)s des équipes mobiles. Les résultats, publiés dans le « BEH » (9 janvier), révèlent qu’à Paris la plupart des hypothermies décelées la nuit par les EMA sont d’un niveau de gravité léger (90 % compris entre 32,2 et 34,9 °C, mais que leur nombre «est non négligeable et probablement beaucoup plus élevé qu’en population générale».

Les hypothermies ont représenté 7 % des interventions en 2004 (107 fiches parmi les 1 453 remplies), soit 82 personnes (plusieurs fiches pouvant être remplies par une même personne). Les deux tiers des cas ont été décelés au cours du plan hivernal de base et de niveau 2 (déclenché pendant 18 jours pour des températures comprises entre 0 °C et – 2,5 °C), ce qui peut s’expliquer par l’impact de la température extérieure, mais aussi par une plus grande sensibilisation des équipes, également plus nombreuses. Cependant, «contrairement aux idées reçues, les cas sont décelés tout au long de l’année et traduisent surtout une fragilisation des organismes soumis depuis plusieurs années à des conditions de vie difficiles», notent les auteurs.

Un risque sous-estimé.

La comparaison des caractéristiques des cas (personnes sans abri ayant fait l’objet d’une intervention et ayant présenté une hypothermie) à celles des témoins (personnes sans abri ayant fait l’objet d’une intervention sans avoir développé d’hypothermie) a permis d’identifier plusieurs facteurs de risque associés à l’hypothermie. Parmi ces facteurs, le sexe masculin (94 % des cas versus 80 % des témoins), l’âge supérieur à 40 ans (80 % contre 64 %) et l’éthylisme chronique (82 % contre 64 %). Toutefois, deux facteurs semblent encore plus significativement associés à l’hypothermie : l’alcoolisation massive au moment de la rencontre et la mobilité réduite (56 % contre 30 %) ou l’invalidité permanente (36 % contre 13 %). L’existence d’une pathologie chronique n’est pas associée à l’hypothermie, probablement du fait du manque de puissance de l’étude.

Selon les auteurs, en dépit de ses limites, leur étude justifie «d’ajouter les invalidités transitoires et/ou permanentes aux autres facteurs de risque dans les recommandations de prévention de l’hypothermie à destination des sans domicile». D’une manière générale, le risque d’hypothermie est sans doute sous-estimé dans la population des sans-abri, du fait de l’absence de recherche systématique par les différentes maraudes associatives. Une formation des intervenants à la détection et au traitement initial paraît essentielle.

> Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8079