Chez les personnes âgées, l'hypotension orthostatique apparaît associée aux troubles cognitifs. Ce résultat, obtenu par une équipe de l'hôpital Broca (Paris), pourrait s'expliquer par l'aggravation de l'ischémie chronique au niveau de la substance blanche par les épisodes d'hypotension.
LA RELATION entre pression artérielle (PA) et déclin cognitif et démences, qu'il s'agisse de la maladie d'Alzheimer ou de démences vasculaires, est bien établie. L'association peut être liée aux accidents vasculaires cérébraux (AVC), à une maladie des petits vaisseaux favorisant les lésions de la substance blanche et, enfin, selon une étude présentée par le Pr Olivier Hanon, à des épisodes d'hypotension, facteur d'aggravation de l'ischémie.
Ce travail a porté sur 495 sujets consécutifs, âgés de 76 ans en moyenne (72 % de femmes), venus consulter pour plainte mnésique. La PA moyenne était de 143/79 mmHg. Trois cent soixante et onze sujets (74 %) se sont révélés hypertendus, avec des taux de traitement et de contrôle de, respectivement, 55 et 35 %.
Une hypotension orthostatique, définie par une chute de la PAS > 20 mmHg, a été constatée chez 71 personnes, soit 14 % de la population étudiée. Ce pourcentage correspondant approximativement à celui qui est observé dans la population générale. Une PAS orthostatique inférieure à 100 mmHg a été retrouvée dans 5 % des cas. Il a été constaté que, chez les sujets ayant une hypotension orthostatique, la PAS était supérieure (152 contre 142 mmHg) et que la présence d'une hypotension orthostatique n'était pas associée à la prise ou non d'un traitement. En revanche, les sujets ayant une hypotension orthostatique étaient plus fréquemment sous trithérapie.
Un bilan cognitif a par ailleurs été réalisé grâce au profil d'évaluation cognitive (PEC), batterie de tests portant sur la mémoire, les capacités visiospatiales, le langage, les praxies, les fonctions exécutives, l'attention et le jugement.
Plus fréquente en cas de démence vasculaire.
Un fonctionnement cognitif normal a été reconnu dans 18 % des cas, et des troubles cognitifs mineurs, dans 28 % des cas. Un diagnostic de maladie d'Alzheimer a été posé chez 47 % des sujets, et un diagnostic de démence vasculaire chez 7 %.
Globalement, le score PEC a été significativement inférieur chez les sujets qui avaient une hypotension orthostatique (47 contre 56 ; p < 0,001). L'hypotension orthostatique était par ailleurs plus fréquente chez les patients atteints de démence vasculaire (22 % des cas) ou de maladie d'Alzheimer (15 % des cas) que chez les sujets normaux ou atteints de troubles mineurs (5 % des cas) (p < 0,01). Ces résultats ont été retrouvés après ajustements pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, le poids, la PAS et la prise d'un traitement antihypertenseur.
Il existe donc une relation positive, indépendante des autres facteurs de risque, entre la présence d'une hypotension orthostatique et les troubles cognitifs. En toute rigueur, cette association ne prouve pas la relation de cause à effet entre hypotension et déclin cognitif. Le rôle délétère d'une hypoperfusion frontale bilatérale chez les sujets ayant une hypotension orthostatique est néanmoins une hypothèse très plausible.
«Les sujets recrutés dans cette étude vont maintenant être suivis de manière prospective, indique le Pr Hamon, en particulier les sujets ayant des troubles cognitifs mineurs.»
D'après la communication du Pr Olivier Hanon (hôpital Broca, Paris).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature