La grande majorité des patients traités pour un cancer colorectal par oxaliplatine découvrent très vite un désagréable effet indésirable de la chimiothérapie. Ils deviennent hypersensibles au froid. Prendre quelque chose dans un réfrigérateur, passer dans les rayons frais d’une grande surface occasionne des picotements des extrémités caractéristiques. Jusqu’à présent, aucun traitement de cette neurotoxicité n’existait. Une équipe coordonnée par Emmanuel Bourinet (Institut de génomique fonctionnelle, CNRS/INSERM/universités Montpellier 1 et 2), tout en comprenant la physiopathologie du symptôme, ouvre la voie à une possible thérapeutique.
Les Montpelliérains, en collaboration avec les universités d’Auvergne et de Nice, ont réalisé une expérimentation chez la souris. Les rongeurs traités par oxaliplatine montrent un comportement évocateur d’une hypersensibilité au froid. Une confirmation est apportée par l’étude in vitro : il existe une différence au niveau des canaux ioniques. En les comparant à ceux d’animaux témoins, les neurones des souris traitées comportent moins de canaux inhibiteurs et davantage de canaux excitateurs. Le phénomène d’hyperexcitabilité est compris.
Une confirmation clinique a été rendue possible grâce à l’utilisation d’une molécule récente susceptible d’inhiber les canaux excitateurs, l’ivabradine. Testée à la fois in vitro et in vivo, elle a restauré un seuil normal d’excitabilité au froid des neurones.
EMBO Molecular Medicine, publié en ligne le 23 mars 2011.
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