LA STASI (abréviation de staatssicherheit, sécurité d’Etat) a sévi de 1950 à la chute du mur de Berlin en 1989. Ses 91 000 agents officiels (5,5 pour 1 000 habitants, trois fois plus qu’en Union soviétique) et ses 175 000 collaborateurs non officiels, ont constitué 4 millions de dossiers (pour 16 millions d’habitants) et permis plus de 200 000 condamnations politiques. Si ses agents figurent en bonne place dans des films d’espionnage, c’est la première fois qu’on voit la police politique est-allemande fonctionner de l’intérieur avec autant de précision.
Florian Henckel von Donnersmarck, Allemand de l’Ouest qui a grandi entre New York, Berlin, Francfort et Bruxelles et fait ses études à Oxford et à Munich, a écrit et mis en scène plusieurs courts métrages avant de s’attaquer à ce redoutable sujet pour son premier long. Il lui a fallu quatre ans pour mener à bien son projet, à commencer par les recherches dans les archives, les rencontres avec des témoins de l’époque et la consultation d’experts, le tournage lui-même n’ayant duré que deux mois.
Son scénario met au centre de l’histoire un officier de la Stasi, spécialiste des interrogatoires et de la surveillance. Comme le titre du film l’indique, il n’a pas de vie personnelle mais a un grand pouvoir sur la vie des autres. En particulier d’un auteur de théâtre et de son amie actrice, qu’un ministre convoite. Mais on n’espionne pas impunément l’intimité d’un homme, d’un couple. Le bourreau n’est pas tout d’une pièce et la victime n’est pas un héros sans peur et sans reproche.
Dans des décors choisis, dont les locaux mêmes du QG de la Stasi, dont les tons froids contrastent avec l’ambiance chaleureuse de l’appartement de l’écrivain, von Donnersmarck met en scène avec maîtrise des comédiens (Ulrich Mühe, Sebastian Koch, Martina Gedek, Ulrich Tukur) portés par leurs rôles. Et la musique de Gabriel Ulrich apporte une touche de romantisme bienvenue.
« La Vie des autres » n’est pas un réquisitoire mais une réflexion – sur le pouvoir, la trahison, la culture... – qui touche à la fois l’intelligence et le coeur. Ne pas passer à côté.
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