SAISI par la direction de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), le Comité d’évaluation et de diffusion des innovations technologiques (Cedit), en fait, un organisme qui dépend de cette institution, a publié en mai 2003 une série de recommandations sur l’utilisation des téléphones portables dans les établissements hospitaliers de l’AP-HP.
Des recommandations qui, tout en mettant en garde contre une utilisation trop anarchique de ces appareils, soulignaient leurs avantages. «Parallèlement aux risques des téléphones portables, expliquait ainsi le Cedit , les avantages de leur utilisation à l’hôpital doivent être pris en compte: dans des situations d’urgence, le spécialiste concerné peut être joint très rapidement. Dans des situations moins aiguës, la possibilité de joindre un médecin senior favorise l’organisation rapide de la prise en charge des patients», écrivait-il.
Zones sensibles.
En revanche, le Cedit se prononçait contre la présence du téléphone portable dans les unités de soins intensifs et les réanimations, les unités de dialyse et d’échanges plasmatiques, les salles de déchocage, les salles où sont pratiqués des actes de diagnostic (ECG, EEG, EMG...), les blocs opératoires et les salles de réveil. «La densité de matériel sensible, indiquait alors le Cedit , n’est pas compatible avec la présence de téléphones portables.» Et le comité de recommander de «définir dans l’hôpital des zones sensibles, où seuls les personnels formés et autorisés auront la possibilité d’utiliser le téléphone portable en respectant les distances recommandées». Hors de ces zones sensibles, poursuivait le comité, «il faudrait rappeler la nécessité de réduire toute exposition superflue pour les enfants et de respecter la tranquillité d’autrui».
Des recommandations sensées, qui rejoignent d’ailleurs celles de la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos), qui dépend du ministère de la Santé. Dès 1995, une circulaire de ce qui était alors la Direction des hôpitaux (aujourd’hui fondue dans la Dhos), appelait l’attention des responsables des établissements de santé «sur le fait que leur responsabilité risquerait d’être engagée par l’utilisation incontrôlée des téléphones mobiles dans leurs locaux». Même si, à l’époque, le téléphone mobile et le téléphone portable n’avaient pas la vogue qu’ils connaissent aujourd’hui, ce rappel à la prudence montrait bien la préoccupation des pouvoirs publics devant un phénomène qui tendait déjà à prendre de l’importance.
Respect de l’autre.
Les médecins hospitaliers, conscients des inconvénients que peuvent occasionner les portables dans les services, restent cependant très mesurés. «Il ne faut exagérer le phénomène, dit le Pr Roland Rymer, président du Syndicat national des médecins des hôpitaux publics (Snam-Hp), mais il faut que chacun, médecin comme patient, soit discipliné et ait le respect de l’autre.» «Il est vrai que ce n’est pas toujours le cas», reconnaît-il.
Pour cet autre praticien, il est insupportable de voir parfois des accompagnants de malades utiliser «leur téléphone portable sans aucune retenue au lit du patient ou dans les couloirs de l’hôpital sans qu’ils se soucient le moins du monde de savoir si cela trouble des patients ou perturbe la marche des services ou le fonctionnement des appareils».
Le Pr Rymer regrette d’assister, au retour d’un malade dans sa chambre après une intervention chirurgicale, à des coups de téléphone intempestifs de proches de ce malade, sans doute pour rassurer des parents, mais sans se soucier du risque de perturber le malade. « La moindre des choses serait de prendre un peu de distance, dit-il. Mais il y a aussi des médecins qui ne prennent guère de précautions.»
Pour le Dr Jean Garric, responsable de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (Inph), «il n’y pas de problème majeur dans l’utilisation du portable à l’hôpital. Il suffit de s’éloigner d’un mètre des appareils sensibles pour ne pas créer de perturbations ou d’interactions».
Pour le praticien, poursuit-il, « le portable donne l’énorme avantage de pouvoir être joint à tout instant. Sans doute ne faut-il pas en abuser. En fait, il y a très peu d’excès».
Mais il est évident, conclut le Dr Garric, « que j’éteins mon portable quand je fais la visite de mon service. C’est quand même la moindre des politesses et de considération vis-à-vis des patients».
Si le téléphone portable n’est plus, dans la plupart des situations, banni des établissements hospitaliers, malgré les réserves de nombreux directeurs d’établissement, il le doit en grande partie à l’autodiscipline des médecins et aussi des patients, qui ont su l’utiliser sans en abuser. Du moins dans la majorité des cas.
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