Avec plus de deux tiers des établissements publics en déficit et un secteur disposé à s'embraser dès la rentrée, Xavier Bertrand avait répété ces dernières semaines à ses interlocuteurs que l'hôpital devrait absolument bénéficier d'un « geste » dans le budget de la Sécu 2006, en clair d'un objectif de dépenses plus élevé que celui des soins de ville. D'un autre côté, les critiques récurrentes sur la « dérive » des dépenses hospitalières (650 millions d'euros de dépassement de l'enveloppe en 2005) invitaient le ministre à prendre ses précautions pour ne pas donner le sentiment qu'il entérinait le dérapage des budgets hospitaliers par un Ondam hospitalier trop « laxiste ». Devant cette équation insoluble, Xavier Bertrand a tenté de ménager la chèvre et le chou dans le Plfss 2006, au risque de convaincre peu de monde.
Certes, le fait de fixer un objectif de + 3,44 % à l'hôpital (à hauteur de 62,65 milliards d'euros), soit presque 1 point de plus que l'Ondam global « tous secteurs de soins », permet au ministre d'affirmer qu'il a tenu compte des tensions du secteur, des réformes de tarification en cours, de l'accroissement de la masse salariale, de la hausse du coût de la vie, de la relance de l'investissement et même des plans de santé publique, en injectant ainsi quelque 2 milliards d'euros supplémentaires (sans compter une enveloppe de 625 millions pour éponger partiellement la dette des hôpitaux).
Mais ce discours rassurant avait peu de chances de convaincre les intéressés. François Aubart, président de coordination médicale hospitalière (CMH), a aussitôt précisé qu'il manquerait 500 à 800 millions d'euros aux hôpitaux en raison de cette contrainte financière et agité le spectre du tri sélectif des patients. Quant à la puissante FHF, qui représente la quasi-totalité des établissements publics, elle avait demandé un Ondam hospitalier de 4,32 %, un « taux minimal », selon elle, pour maintenir les moyens actuels. On est donc loin du compte. Plusieurs fédérations santé ont déjà appelé les agents hospitaliers à une journée d'action et de grève le 20 octobre.
Les prescriptions dans la ligne de mire.
Malgré ce climat tendu, Xavier Bertrand s'est efforcé d'expliquer qu'il écoutait ceux qui exigent une modernisation plus rapide de l'hôpital et une régulation plus sévère de ses dépenses. D'où un vaste programme d'économies supplémentaires à l'hôpital (environ 1 milliard d'euros) qui passe par l' « amélioration de la politique des achats (400 millions d'euros attendus) et de la gestion interne des établissements » mais aussi par la rationalisation prescriptions des hospitaliers : celles qui sont réalisées en ville grâce à des « accords d'amélioration des pratiques hospitalières » (un premier accord-cadre a été signé sur les antibiotiques) ; mais aussi les prescriptions internes à l'hôpital grâce à des contrats de bon usage. Un effort jugé cette fois insuffisant par des syndicats de médecins libéraux qui stigmatisent volontiers le « mauvais élève » de la réforme dont les dépenses devraient progresser de plus de 4 % cette année.
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