Fronde à l'hôpital. La CGT, FO, SUD, la CFTC : tous les syndicats de personnels hospitaliers en sont, sauf trois (la CFDT, l'UNSA et le SNCH). L'INPH, la CHG, la CMH et le SNAM : l'ensemble des organisations de médecins hospitaliers participe à l'opération. Un front uni d'une telle envergure ne s'était pas vu depuis longtemps. Il vient de se constituer dans le but de lancer un « avertissement » au gouvernement. Que la politique hospitalière actuellement menée continue d'être appliquée et nous nous soulèverons, préviennent, en substance, les huit organisations dans un communiqué commun.
Aux pouvoirs publics, médecins et personnels font de multiples reproches. A commencer par celui de se tromper de réforme. Pour les professionnels en colère, le diagnostic n'est pas difficile à faire : les hôpitaux sont aujourd'hui dans une situation extrêmement « grave » et s'ils sont si mal en point, c'est qu'ils manquent à la fois de bras et de moyens financiers. Or, le gouvernement met-il en uvre « un plan ambitieux d'emploi et de formation pour les personnels », ce qui passe, expliquent les huit syndicats, « par des créations d'emplois immédiates dans les qualifications disponibles, (par) une augmentation des places dans les écoles de formation avec des mesures d'attractivité et de fidélisation (et par) le financement des promotions professionnelles » ? Non, répondent en chur les contestataires aux yeux desquels même les augmentations de quotas - y compris le numerus clausus - décidées par les pouvoirs publics sont « notoirement insuffisantes ».
Sur le plan économique, les choix du gouvernement ne sont guère meilleurs, accusent les « huit ». « Les plans successifs annoncés à grand renfort de publicité (urgences, périnatalité, personnes âgées, cancer...) ne sont pas à ce jour financés », écrivent-ils. Résultat : « Une aggravation de la situation financière des établissements » qui n'auront bientôt d'autre solution que de supprimer des activités. Autre erreur des pouvoirs publics : la tarification à l'activité (T2A), parce qu' « elle va introduire à l'hôpital des critères de rentabilité, constituant une pression à la sélection des malades ». L'ordonnance de simplification administrative du 4 septembre n'est pas mieux accueillie : « Elle renforce considérablement les pouvoirs des agences régionales de l'hospitalisation et généralise le groupement de coopération sanitaire, ouvrant la porte à une privatisation rampante de l'hôpital public. »
Sur le fond, rien ne va plus, et le Dr Pierre Faraggi, qui préside la CMH (Coordination médicale hospitalière), résume ainsi la situation : « Il y a un énorme hiatus entre les plans que nous déroule le ministère de la Santé et les attentes des professionnels, qui sont nettement plus préoccupés par la question des moyens et de la démographie que par celle de l'organisation interne de l'hôpital. »
Erreur de méthode
La méthode employée par les pouvoirs publics pour moderniser l'hôpital fait elle aussi grincer les dents des professionnels. Elle consiste, expliquent ces derniers, « à faire cautionner par les organisations syndicales des mesures déjà arrêtées, notamment dans le cadre d'Hôpital 2007 ». Visiblement en manque de dialogue social, lasses d'être prises pour une chambre d'enregistrement et surtout de n'être jamais entendues, les huit organisations réclament l'ouverture très rapide de « négociations » sur l'avenir de leur institution. « L'hôpital ne peut pas se passer de réformes, mais, pour le réformer, il faut une négociation. Qu'on ne réinvente pas l'eau chaude. Le dialogue social se fait avec les organisations qui représentent les professionnels », explique le président de la CMH (Coordination médicale hospitalière), le Dr François Aubart. « Nous avons besoin d'un plan d'urgence négocié », renchérit Luc Delrue, secrétaire fédéral adjoint de FO-santé.
Les pouvoirs publics sont invités à ouvrir le dialogue au plus vite avec les hospitaliers, sous peine d'avoir à gérer « des actions (...) tant au niveau national que local ». Date butoir de l'ultimatum : le 20 novembre.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature