SIX CENTS AGENTS, 70 médecins, 65 lits de médecine, 55 de chirurgie, 6 de réanimation, une maternité de 15 lits. À Lourdes, le premier employeur n'est pas le sanctuaire (environ 450 salariés), mais le centre hospitalier. Un établissement hors norme, par rapport au format de la ville (15 000 habitants, 50 000 pour l'ensemble du bassin), compte tenu des 6 millions de pèlerins dénombrés chaque année (8 millions pour le jubilé des 150 ans). «La collaboration avec le poste de secours du sanctuaire est aussi étroite que bonne», se félicite le Dr Laurence Abadie, urgentiste, médecin SMUR, qui salue le professionnalisme des secouristes de la grotte, capables d'assurer la prise en charge de 80 000 pèlerins, pour l'ouverture de l'année jubilaire, sans demander de renforts extérieurs.
L'harmonie, cette année, n'aura pas été exempte de surprise. Début février, les personnels ont en effet vu des foules de pèlerins prendre d'assaut la cour d'honneur de l'établissement. Les fidèles processionnaient en chantant vers le bâtiment de la direction, que les organisateurs avaient retenu comme l'une des quatre étapes du chemin du jubilé, avec la grotte, le cachot (résidence de la famille Soubirous) et l'église paroissiale où la sainte avait été baptisée. Car, comme le rappelle le guide de présentation du CH, la petite Bernadette avait fréquenté l'école des soeurs de la charité de Nevers installée au XIXe siècle dans l'hospice de Lourdes et c'est dans sa chapelle qu'elle a fait sa première communion, le 3 juin 1858. «Heureusement, explique Maurice Riguel, le directeur, nous disposons d'un autre accès pour les urgences, mais il a quand même fallu négocier une convention avec les autorités du sanctuaire pour organiser sans trop d'encombre le flux de tous ces visiteurs. Depuis février, ils ont déjà été plus de 500000 à se recueillir dans notre établissement. Nous avons dû matérialiser un circuit qui relève de l'extrahospitalité, voire de ce que j'appellerai l'extraterritorialité hospitalière.»
Pour que la porte des bureaux directoriaux cesse d'être confondue vingt fois par jour avec celle des commodités, elle est maintenant protégée par d'énormes pictogrammes de sens interdit. Et la vie du CH continue sans plus de troubles, au son des « Ave Maria ».
Évidemment, l'établissement est en première ligne pour les trois jours de la visite pontificale. Déprogrammation de 20 % des lits, pour garder 30 lits disponibles, à commencer par ceux de la réanimation et de la cardiologie, renforcement des urgences, qui passent de trois à quatre médecins permanents, renfort de 25 agents pour le personnel soignant, dont les vacations sont portées de huit à douze heures, afin de réduire les complications liées au transport et à l'accès au site.
Benoît XVI en personne.
Si la journée de dimanche représente, avec l'afflux des pèlerins à la messe, le pic de l'événement, celle de lundi ne s'annonce pas moins cruciale pour le CH. Benoît XVI viendra en effet pèleriner en personne sur le site de l'ancienne chapelle. Il est attendu à 8 h 45 et sera accueilli par M. Riguel et le président de la CME, le Dr Patrick Lazzerini. «Deux cents places ont été réservées aux familles des agents, qui pourront accéder à la cour, précise la directrice adjointe, Christiane Lespiaucq. E t nous avons décalé les horaires administratifs, pour que les personnels arrivent à 10heures, après le départ du pape.»
Tout semble paré. À commencer par les procédures d'urgence. Le Vatican, qui fournit l'escorte médicale de Benoît XVI, avec son médecin personnel, une généraliste allemande, a envoyé une équipe s'assurer de la qualité des moyens de réanimation. Une inspection concluante, selon M. Riguel, ravi de cette accréditation qui complète celle de la HAS...
Pour les équipes de l'hôpital de premier recours du jubilé, l'ambiance serait donc aussi sereine que possible, si quelques sombres nuages budgétaires ne venaient charger son horizon, avec un déficit redouté de quelque 4 millions d'euros.
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