Le Temps de la médecine :
La mort en face
Accompagnement des derniers moments, toilettages mortuaires, fonctionnement de la chambre mortuaire, transports, mise en bière, rites et religions, prélèvements, autopsies : le guide « le Décès à l'hôpital », rédigé par Marc Dupont et édité par l'Assistance publique, est destiné à la formation et à l'information des médecins et des soignants autour d'un principe fondamental : « la nécessaire continuité des soins et de l'accompagnement des familles, du côté de la vie et du côté de la mort, avec la même exigence de dignité ». Car, comme le rappelle le code de déontologie médicale, « le respect dû à la personne ne cesse pas de s'imposer après la mort ».
C'est donc dans l'unité de soins que s'appliquent les premières bonnes pratiques. Arrivé en fin de vie, le malade doit y bénéficier prioritairement d'une chambre individuelle ; sa famille, lorsqu'elle n'est pas sur place, doit être prévenue au moyen d'un « avis d'aggravation », qui sera suivi d'un avis de décès. Le timing est précis. Tout de suite est effectuée la préparation du corps, ou toilette mortuaire, avec la fermeture des plaies, le retrait du matériel invasif (sondes, cathéters...), la fermeture des yeux et de la bouche, et le lavage.
Dans toute la mesure du possible, « la famille a accès au corps du défunt ». Le corps doit être présenté sur le lit, recouvert d'un drap, le visage découvert (en vertu de ses pratiques rituelles, la famille peut toutefois demander que le visage soit recouvert) ; les bras doivent être placés le long du corps, au-dessus du drap. La chambre doit être rangée et aérée au préalable, la température ambiante étant réduite. Des chaises doivent être disposées dans la chambre, dans l'attente de la famille. Dans la mesure du possible, la chambre doit être débarrassée des matériels médicaux.
Si aucune disposition réglementaire ne prévoit la durée pendant laquelle le corps peut demeurer au sein de l'unité de soins, le guide recommande de laisser à la famille un délai de deux heures, à compter de l'annonce du décès, pour que la visite puisse se dérouler à l'intérieur du service. En tout état de cause, ce délai ne peut excéder dix heures.
Après quoi, le corps quitte l'unité de soins pour la chambre mortuaire, où il repose le temps nécessaire à l'organisation des obsèques, soit, réglementairement, une période qui ne peut excéder six jours. Seuls les corps non réclamés par les familles peuvent être déposés pendant un délai maximal de dix jours.
Un deuxième toilettage peut alors y être effectué, s'il est jugé nécessaire, sans toutefois que des soins de conservation y soient pratiqués : seuls les thanatopracteurs des entreprises de pompes funèbres sont habilités à les dispenser.
Obligatoires dans tous les établissements qui enregistrent au moins 200 décès par an, ces chambres mortuaires emploient des aides-soignants et, parfois, des personnels infirmiers. Les ouvriers d'amphithéâtre ont cédé la place à des professionnels de santé à part entière.
Deux zones sont aménagées : celle du public, où la température ne doit pas excéder 17 °C, et une zone technique à l'accès réservé, avec un local de préparation et des cases réfrigérées programmées entre 0 et 5 °C (- 10 degrés sur réquisitions médico-légales).
Le guide passe encore en revue les règles de préconisation pour les transports, avec ou sans bière, les différents types de cercueil, les précautions légales pour les décès survenus à la suite de maladies infectieuses transmissibles (sida, Creutzfeldt-Jakob, fièvres hémorragiques, etc.).
Sont aussi énoncés les rites spécifiques aux différentes religions. Par exemple, pour les toilettes, il faut savoir que les musulmans usent d'eau parfumée de lotus et de camphre, les juifs procèdent à l'eau claire, en coupant cheveux et ongles, les bouddhistes utilisent de l'eau parfumée, successivement chaude et froide, en veillant à tourner les pieds du défunt vers l'Ouest.
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