De notre correspondant
Des enquêtes réalisées dans plusieurs pays européens ont montré que, si 20 % des malades entrant à l'hôpital souffrent de dénutrition avant leur hospitalisation, cette proportion atteint de 30 à 50 % des patients pendant leur hospitalisation, avec des maximums observés chez les enfants et les personnes âgées.
Outre les pertes de poids et l'affaiblissement, la dénutrition des patients entrave la cicatrisation et facilite les infections. Mais les conséquences de ces phénomènes restent encore trop mal connues de la plupart des responsables hospitaliers.
« La situation est comparable en France », estime le Pr Jean-Claude Melchior, nutritionniste responsable du service des maladies infectieuses de l'hôpital de Garches. Il plaide pour une évaluation de la dénutrition de tous les patients dès l'entrée à l'hôpital, pour une amélioration de la nutrition pendant le séjour et pour la mise en place d'une thérapie nutritionnelle au terme du séjour, si elle apparaît nécessaire. Selon lui, ce suivi pourrait être assuré par les médecins libéraux dans le cadre des filières ville-hôpital.
Les nutritionnistes se sont montrés particulièrement sévères pour leurs administrations hospitalières, souvent « peu conscientes des problèmes et des surcoûts énormes qu'entraîne la dénutrition ». Dans la plupart des pays, estiment les médecins, la gestion des soins nutritionnels reste imprécise et sans responsables clairement désignés. La majorité des personnels hospitaliers, tous groupes confondus, est insuffisamment formée à ces questions et l'administration semble souvent tout à fait indifférente à la question.
Bientôt des CLAN
L'organisation et la distribution des repas, encore fréquemment peu appétissants, mal servis ou inadaptés à l'état des patients, aggravent dans beaucoup d'hôpitaux l'ampleur de la dénutrition, même si certains pays ont pris des mesures pour remédier à ces situations. En France, précise le Pr Melchior, la situation devrait prochainement évoluer avec la mise en place obligatoire de « comités de liaison alimentation et nutrition » (CLAN), qui fonctionneront sur un modèle comparable à celui des CLIN (comités de liaison contre les infections nosocomiales). Les CLAN pourraient améliorer les situations existantes, espère le Pr Melchior, sous réserve que les médecins qui les dirigeront aient les moyens d'appliquer leurs recommandations.
A l'issue de leur congrès, les nutritionnistes ont adopté et validé un ensemble de lignes directrices européennes relatives à la lutte contre la dénutrition à l'hôpital, concernant notamment l'organisation des soins nutritionnels, l'amélioration des méthodes de restauration hospitalière et la composition de la nourriture servie aux patients.
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