Ce n’est pas nouveau mais l’hôpital local dispose de ses aficionados. Or, leurs arguments sont aujourd’hui parés d’une force renouvelée, puisqu’ils concernent deux priorités éminemment d’actualité : la lutte contre les déserts médicaux et la création d’une médecine de parcours. « L’hôpital de proximité a un poids fondamental, soutient Fabrice Millereau, maire de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) et vice-président de l’Association des petites villes de France (APVF). Il est le recours de toute une population et permet à chacun de se faire soigner à proximité de chez lui, près de sa famille. » « Il est souvent le premier maillon de santé d’un bassin de vie, renchérit Jean-Paul Nunzi, maire de Moissac (Tarn-et-Garonne), également vice-président de l’APVF. Puisqu’il n’y a plus de médecins libéraux sur le territoire rural, la proximité de l’hôpital permet à la population d’accéder à un certain nombre de services. »
Maintenir un tissu sanitaire
Et l’établissement joue un rôle fondamental dans le maintien des professionnels dans des régions marquées par les déserts médicaux et paramédicaux. « L’hôpital de proximité permet de maintenir un tissu sanitaire et offre ainsi la possibilité aux patients, notamment aux personnes âgées, de rester dans leur bassin de vie pour accéder aux soins », souligne Dominique Colas, président de l’Association nationale des hôpitaux locaux. Par ailleurs, il assure une complémentarité avec les professionnels de santé libéraux qui peuvent travailler en son sein. Dans les territoires isolés, « il y a une perfusion ville-hôpital permanente qui contribue à la sécurité et à la qualité de vie, confirme Dominique Colas. L’hôpital de proximité peut aussi accueillir dans ses locaux les urgences et les maisons médicales de garde. Or, le maintien d’une structure d’urgence sur place contribue précisément à la lutte contre les déserts médicaux. » Enfin, rappelle Jean-Paul Nunzi, « il permet de désengorger les plus gros hôpitaux. Il faut une hiérarchie dans l’hospitalisation. »
Un fonctionnement en réseau
Cependant, l’époque est plus aux réseaux qu’à la hiérarchie. Ainsi, la mise en réseau des hôpitaux locaux avec ceux du reste du territoire est perçue comme la solution idoine pour construire une offre locale de soins pertinente. « On observe que les hôpitaux locaux sont progressivement vidés des activités aiguës et des plateaux techniques, explique Laurent El Ghozi, président de l’association Élu, santé publique et territoires (ESPT) et maire-adjoint à Nanterre. Or, si l’on considère que l’hôpital a un rôle de structuration de l’offre de soins, il faut qu’il puisse accueillir des spécialistes. » Si l’idée est belle, les moyens disponibles limités ne le permettent pas. Or, le maintien de l’offre locale repose sur l’attractivité assurée par les compétences et la qualité. « Si l’hôpital local n’a pas de moyens propres, il faut un lien avec les autres hôpitaux pour que les moyens se déplacent, estime-t-il. Ce n’est que dans cette organisation en réseau que les hôpitaux locaux pourront exister et rendre les services que l’on attend d’eux », affirme Laurent El Ghozi, L’organisation en réseau peut aller jusqu’à inverser les logiques habituelles : plutôt que d’avoir à déplacer les patients vers les CHR ou CHU, ce sont les spécialistes de ces hôpitaux qui viennent effectuer des consultations dans les hôpitaux locaux. « Il faut développer cette idée dans le cadre de l’aménagement du territoire », considère Laurent El Ghozi.
Ce type d’organisation et de logique de réseau existe déjà par le biais des communautés hospitalières de territoires (CHT) ou des conventions, afin de faire en sorte que les hôpitaux locaux ne soient plus isolés. En la matière, les élus jouent un rôle fondamental. « L’enjeu n’est pas de maintenir tous les services au niveau local mais de maintenir une offre minimale afin de répondre aux besoins », soutient Laurent El Ghozi. « J’ai une maternité de niveau 2. Mais si jamais une maman a une grossesse à risque, nous pouvons l’envoyer directement à l’hôpital de référence. Nous avons également mutualisé nos urgences avec la ville de Pontoise située à 25 kilomètres », témoigne Fabrice Millereau.
« On est dans l’hébergement et les soins de suite polyvalents »
Pour parvenir à de tels objectifs, les pouvoirs publics doivent intervenir et surtout modifier leur regard sur les hôpitaux de proximité. « Nous voudrions qu’ils arrêtent de créer des déserts médicaux, revendique Dominique Colas. Cela fait dix ans que l’on nous supprime des lits. Nous disposons de peu de plateaux techniques ou bien nous n’en avons aucun. Nous sommes dans l’hébergement et les soins de suite polyvalents. Nous devenons des établissements annexes. » L’APVF revendique quant à elle une aide au financement. « Nous souhaitons une dotation minimale de fonctionnement qui se substitue ou complète la tarification à l’activité (T2A) car la T2A nous paraît inadaptée aux ressources des établissements comme ceux qui existent dans nos villes », conclut Jean-Paul Nunzi. Réponse au travers des prochaines mesures à venir, actuellement en préparation au titre de la stratégie nationale de santé. On saura alors si le pacte de confiance annoncé par la ministre de la Santé s’étendra aux hôpitaux de proximité.
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