Les urgences du centre hospitalier de Pau, saturées, rencontrent des difficultés, alors que la première clinique privée de la ville, la clinique Marzet, est partiellement fermée depuis plus de trois semaines pour des raisons qui restent inexpliquées.
Les passages aux urgences de l'hôpital ont augmenté de 20 %, alors que le service était déjà en surcharge avant l'affaire.
La situation est critique, dans des locaux prévus pour accueillir 8 000 patients par an, alors que plus de 25 000 adultes y ont été soignés en 2002 et les renforts médicaux attribués au titre de la réduction du temps de travail « totalement insuffisants », indiquent les urgentistes de l'établissement. Selon eux, « un praticien à temps plein travaille en moyenne plus de 70 heures par semaine » et il manque « au moins 9 postes de médecin aux urgences ».
La clinique Marzet, récemment rachetée par le groupe suédois Capio-Santé, a été provisoirement et partiellement fermée à la mi-avril (« le Quotidien » du 24 avril) par l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH). De « graves dysfonctionnements » ont motivé cette décision, après une plainte de la famille d'un patient décédé.
« Situation ubuesque »
La semaine dernière, lors d'une conférence de presse à Pau, le directeur général et vice-président de Capio-Santé, Paul Hökfelt, a exprimé son incompréhension, en brandissant devant les journalistes un exemplaire du rapport de l'ARH ; il les a autorisés à le « consulter », mais ni à en faire de copie ni à l'emporter.
« Nous considérons que la décision de fermeture n'est pas suffisamment motivée car elle n'identifie pas en termes précis les dysfonctionnements permettant à la clinique de se défendre », a expliqué Paul Hökfelt, qui compte intenter toute action en justice nécessaire « pour rechercher les responsabilités et tirer les conséquences des préjudices subis ».
Lors de la fermeture, 135 patients étaient hospitalisés dans cet établissement qui emploie 250 personnes et accueille plus de 10 000 patients par an.
La direction de Capio-Santé, qui chiffre à 40 000 euros par jour le coût direct de la fermeture, estime que le rapport de l'ARH fait état « d'accusations graves sur des dossiers de décès révélateurs d'une non-qualité dans la prise en charge des patients », accusations qui, selon elle, sont « anonymes et ne sont étayées d'aucun élément factuel de preuves ».
L'ARH, pour sa part, justifie la fermeture « au nom de la sécurité des patients ». Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes, l'une sur le décès incriminé, l'autre sur le fonctionnement général de la clinique.
Pour le sénateur-maire PS de Pau, André Labarrère, il s'agit d' « une situation ubuesque, digne d'un roman d'espionnage ». André Labarrère a d'ailleurs demandé au ministère de la Santé et aux responsables du groupe Capio-Santé de se réunir.
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