LA GREFFE intestinale (GI) en est encore à ses débuts et peu de ces greffes sont réalisées. Si on compte environ 1 000 greffes de foie par an dans le monde, il n'y a pas plus de 100 GI. L'intestin grêle est difficile à transplanter, car c'est un milieu hyperseptique et immunologiquement exigeant. La mortalité opératoire est élevée. Les résultats à trois ans montrent qu'environ la moitié des patients sont décédés (rejet ou problèmes infectieux majeurs) ou ont été détransplantés.
Les patients justifiant d'une GI sont en état d'insuffisance intestinale sévère, chronique et irréversible. Ce qui a deux causes principales : les résections étendues de l'intestin grêle (accidents, volvulus du grêle dans l'enfance) ou syndrome de grêle très court, et la dysfonction motrice de la pseudo-obstruction intestinale chronique (POIC). Dans les deux situations, les patients sont dépendants de la nutrition parentérale (NP), délivrée à domicile et à vie.
Les limites de la nutrition parentérale.
Si elle permet de sauver la vie du patient et si elle est bien tolérée pendant des périodes prolongées, la NP est source de complications infectieuses et métaboliques, dont la plus sévère est la cirrhose du foie qui peut se développer au bout d'une dizaine d'années.
Ce sont les limites de la NP qui dictent le recours à la TI, et les fréquentes complications hépatiques expliquent que dans la moitié des cas il faut réaliser une transplantation foie plus grêle.
À l'hôpital Beaujon, les patients souffrant d'insuffisance intestinale chronique sévère sont pris en charge dans le service de gastro-entérologie et assistance nutritive (Pr Bernard Messing), qui travaille de longue date avec l'équipe de chirurgie colo-rectale (Pr Yves Panis). À cela s'ajoutent les compétences dans cet hôpital en matière de transplantation hépatique et de chirurgie hépatobiliaire (Prs Jacques Belghiti et François Durand) et d'hépatologie (Pr Dominique Valla), l'ensemble de ces équipes étant à même de réunir le plateau technique nécessaire pour mener à bien la réalisation de GI.
Foie plus grêle.
C'est ainsi qu'en juillet dernier deux GI ont été réalisées. L'une est une GI isolée chez un malade ayant eu une plaie par fusil. L'autre a concerné une personne déjà transplantée dans l'enfance, puis détransplantée à la suite d'un échec, et chez qui une greffe foie + grêle a été tentée. Au terme de deux mois, les deux patients vont très bien.
L'intervention a mobilisé pour chacune de ces greffes près d'une dizaine de médecins et chirurgiens et l'ensemble du personnel non médical du bloc opératoire.
Si les besoins en termes de compétences sont importants pour réaliser les GI dans les meilleures conditions, le nombre de patients concerné est peu important, il avoisine une quarantaine de personnes en France. À Beaujon, on prévoit de réaliser à peu près 5 GI par an. Pour les enfants (60 % des GI concernent les enfants), le grand centre de ces greffes en France est à Necker.
D'après un entretien avec le Pr Yves Panis.
* Après décision ministérielle et avec l'agrément de l'Agence de biomédecine.
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