Le tribunal de grande instance de Rennes a rendu une ordonnance de non-lieu, conformément aux réquisitions du parquet, dans l'affaire mettant en cause l'intégrité scientifique du Dr Bernard Bihain, annonce l'INSERM, qui se réjouit de ce que cette décision de justice « rende son honneur à l'un de ses chercheurs ».
L'affaire Bihain avait fait grand bruit à Rennes. Le Dr Bihain, directeur de l'unité 391 de l'INSERM, avait été accusé en 1997 par des membres de son équipe de manipuler des données. Une commission d'expertise scientifique avait été nommée. Puis une procédure judiciaire avait été diligentée en juillet 1998 à la requête du président de l'université de Rennes-1.
L'instruction aura donc duré près de cinq ans. Selon l'INSERM, il en ressort « que, sur l'ensemble des accusations de "fraude scientifique" , il s'agit essentiellement de controverses de nature scientifique, nées entre chercheurs s'opposant sur des calculs, des interprétations de données brutes, des problèmes d'étalonnage, des désaccords méthodologiques... toutes choses faisant partie du débat expérimental ordinaire ».
Pour Christian Bréchot, directeur général de l'institut de recherche, la décision judiciaire « honore l'intégrité scientifique et le respect des règles éthiques communes à tous les chercheurs de l'institut ». Il rappelle que, « dès la fin de l'année 1998, en réponse à cette affaire, l'INSERM s'est doté d'une délégation à l'intégrité scientifique dont la mission consiste à gérer les conflits de personnes ou de signature dans les publications scientifiques ».
Les travaux de Bernard Bihain portaient sur les mécanismes d'activation d'un récepteur, le LSR (Lipolysis Stimulated Receptor), facteur limitant la distribution des lipides alimentaires vers le foie. Ces travaux, menés en partenariat avec Genset, avaient donné lieu au dépôt d'un brevet ; un gène codant ce récepteur a été découvert en 1999 puis une protéine recombinante, la famoxine, susceptible d'avoir des propriétés antiobésité. Le Dr Bihain, qui avait démissionné en août 1998 de son unité INSERM, a ensuite travaillé pour Genset, qu'il a quitté en mars 2001, parce qu'il était en désaccord avec la politique de la société.
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