LES POXVIRUS (virus à ADN) susceptibles d'infecter l'homme et de causer une éruption vésiculeuse comprennent non seulement les virus de la variole, de la vaccine et du molluscum contagiosum, mais aussi des poxvirus responsables de zoonoses, dont le plus important est le poxvirus du singe (monkeypox), trouvé uniquement en Afrique.
Les infections humaines par les poxvirus d'animaux, qui étaient confinées jusqu'ici à des régions bien précises, pourraient se disséminer géographiquement en raison des voyages internationaux accrus et de la popularité croissante des animaux domestiques exotiques.
Ressemble à la variole.
Or, ces infections peuvent ressembler à la variole, qui reste redoutée en raison de la possibilité du bioterrorisme, ou à d'autres maladies vésiculopustuleuses (tularémie, maladie du charbon, infection mycobactérienne). Il est donc important de mieux connaître ces infections à poxvirus.
Ceci est illustré par l'épidémie de poxvirus simien survenue dans le Midwest des Etats-unis en juin dernier (« le Quotidien » du 12 juin 2003). Ce poxvirus n'avait jamais été signalé en dehors de l'Afrique.
Reed (Marshfield Clinic Research Foundation, Wisconsin) et coll. publient* l'enquête portant sur les onze premiers patients de l'épidémie.
Ce fut une vaste épidémie avec 72 cas soupçonnés ou confirmés d'infection humaine, touchant onze Etats. Pourtant, elle a été rapidement circonscrite et n'aura duré qu'un mois.
Le premier cas, notifié au département de santé publique (DSP) du Wisconsin, survient chez une petite fille de trois ans, hospitalisée avec une cellulite et une fièvre, une semaine après la morsure d'un chien de prairie récemment acheté. La culture d'un ganglion de l'animal malade isole une bactérie, faisant soupçonner une tularémie ou une peste ; cette bactérie est en fait une contamination. Sa mère tombe malade.
Une semaine plus tard, le même DSP est averti de la maladie d'un distributeur d'animaux exotiques, mordu récemment par un de ses chiens de prairie : lésion cutanée nodulaire avec fièvre, frissons, sueurs, et lymphadénopathie ; il est hospitalisé devant l'aggravation de son état.
Le même jour, le DSP est informé de la découverte (en microscopie électronique) d'un poxvirus dans la lésion cutanée de la mère et du chien. On apprend que le chien de la famille provient du distributeur malade.
L'étude des 11 premiers patients (3 à 43 ans) montre les résultats suivants. Tous ont été en contact direct avec un chien de prairie, de quatre à vingt-quatre jours avant la maladie. Dans deux cas, toutefois, la possibilité de transmission interhumaine ne peut être exclue. L'infection débute par un prodrome de deux jours avec céphalée (100 %), fièvre (82 %), sueurs (82 %) et frissons (82 %), suivis de l'apparition de lésions cutanées (100 %) et d'une lymphadénopathie (55 %). Tous ont eu une maladie autolimitée, et aucun n'est décédé, bien que cinq des onze patients n'aient pas été vaccinés contre la variole dans l'enfance. Ceci contraste avec une mortalité de 18 % (4/22) lors d'une récente épidémie africaine.
Importation de rongeurs africains.
L'épidémie a été attribuée à une importation de rongeurs africains (six espèces, dont des écureuils, rats et souris) venant du Ghana. La zoonose de ces rongeurs s'est propagée aux chiens de prairie chez le distributeur d'animaux, puis finalement aux hommes.
L'épidémie a été rapidement enrayée grâce à des mesures prises immédiatement pour contrôler l'infection (avec isolement des hommes et animaux soupçonnés d'infection).
Depuis mi-juin, le CDC et la FDA interdisent l'importation des rongeurs d'Afrique, ainsi que la vente et la distribution des chiens de prairie.
Néanmoins, la vigilance se poursuit et l'on examine si le poxvirus a pu s'échapper dans la population des rongeurs d'Amérique du Nord.
Comme le remarquent les Drs Frey et Belshe (université de Saint-Louis) dans un commentaire, « ces chiens de prairie pourraient offrir un nouveau modèle pour l'étude pathogénique du poxvirus ».
* « New England Journal of Medicine », 22 janvier 2004, p. 327.
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