IL LE DIT CERTES AVEC UN brin de nostalgie, mais surtout avec une satisfaction non dissimulée : « Ce qui m'a le plus marqué, explique-t-il à nos confrères du « Parisien », c'est la bagarre de 1995 sur la Sécu. » Et la victoire qui s'en est suivie. « Si nous ne l'avions pas défendu comme nous l'avons fait, il y a longtemps que la Sécu serait dans le secteur commercial », assure-t-il fièrement.
Car même si Marc Blondel n'a pas mené le combat tout seul contre le plan Juppé, loin s'en faut (il faut se souvenir de l'action essentielle de Bernard Thibault, à la tête des cheminots CGT, ce qui l'a conduit quelque années plus tard à prendre la responsabilité de la CGT dans son ensemble), il est sans contexte celui qui a le plus souvent ferraillé avec les ministres chargés du dossier à l'époque, s'est insurgé contre « le rapt de l' Etat sur la Sécurité sociale et les cotisations sociales », contre « les atteintes intolérables à la libre prescription et au libre choix du médecin », contre « une politique de santé strictement comptable ».
Des formules qui ont souvent fait mouche, qui ont ravi les médecins et leurs responsables syndicaux, très opposés, pour la plupart, au plan du gouvernement de l'époque.
Aux côtés des médecins libéraux.
A l'heure de passer la main à Jean-Claude Mailly, celui qu'il a précisément choisi pour lui succéder à la tête de FO, Marc Blondel peut aussi rappeler aux praticiens libéraux qu'il a été souvent à leurs côtés durant les quatorze ans et demi au cours desquels il a conduit le syndicat. Il a défendu avec vigueur le système conventionnel et le partenariat caisses - médecins, et s'est opposé farouchement à toute intervention intempestive de l'Etat et des divers gouvernements qui se sont succédé au cours de ces années : « La politique conventionnelle, expliquait-il dans un entretien avec « le Quotidien » le 27 février 1996, est, sur le principe, le pendant du contrat collectif entre syndicats de salariés et organisations d'employeurs. C'est un élément de la démocratie. » Et c'est au nom de ce principe qu'il s'est battu contre le plan Juppé dont l'ambition, répétait-il meeting après meeting, manif après manif, était « d'étatiser la Sécurité sociale ». Il rejoignait ainsi, ce qui ne manquait pas de piquant, les positions d'un Alain Madelin qui, au nom de la liberté d'entreprendre, pourfendait également le plan Juppé.
Mais tout combat a ses revers et ses blessures. Et il n'est pas certain que Marc Blondel ait vraiment compris la coalition qui s'est constituée contre sa formation au sein du conseil d'administration de la Cnam que son syndicat présidait pourtant depuis 1967. En quelques mois, FO s'est trouvée sinon marginalisée, du moins minoritaire, face à une nouvelle majorité certes hétéroclite mais puissante, formée de la CFDT, de la CGC de la CFTC de la FEN, mais aussi de la Mutualité et du Cnpf qui n'était pas encore le Medef. Quelques mois plus tard, en juillet 1996, Jean-Claude Mallet (qui a espéré longtemps succéder à Marc Blondel), président de la Cnam depuis 1991, laissait la place au représentant de la CFDT, Jean-Marie Spaeth, qui est toujours en place aujourd'hui.
C'est un pouvoir important qui échappait à FO, qui aura eu parfois du mal à supporter cette épreuve. Les médecins libéraux n'en étaient pas ravis, qui voyaient alors revenir en force au sein du conseil d'administration de la Cnam un patronat surtout favorable à une maîtrise comptable des dépenses que, pour la plupart, ils fustigeaient.
Tout comme Marc Blondel qui s'était fait l'apôtre d'une maîtrise médicalisée des dépenses et du système des références médicales opposables, les fameuses RMO. « C'est, expliquait-il au « Quotidien » en février 1996, le contraire d'une démarche aveugle dictée par une logique comptable, extérieure aux fondements même de la Sécurité sociale, car ne répondant pas aux besoins. »Et de conclure par un slogan qui a fait flores : « Nous ne confondons pas rationalisation et rationnement. »
Les médecins vont perdre un allié, alors que se profile une nouvelle réforme de l'assurance-maladie. Et ils ne sont pas assurés de le retrouver avec Jean-Claude Mailly, cet ancien salarié de la Sécurité sociale qui, certes, devrait refuser toute remise en cause du système actuel, mais pourrait se trouver nettement moins bien disposé à leur égard que le secrétaire général sortant de FO.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature