Nos cousins les chimpanzés semblent être encore plus proches de nous que nous le pensions. Au vu des résultats d'une nouvelle analyse phylogénétique, des chercheurs américains (Wayne State University School of Medicine, Detroit) proposent même que le genre Homo soit élargi de manière qu'il inclut, en plus de l' Homo sapiens, le chimpanzé commun (Homo Pan troglodytes) et le bonobo (Homo Pan paniscus).
La séquence complète du génome humain étant désormais disponible et le nombre de données relatives aux génomes d'autres primates s'accumulant très rapidement, les scientifiques disposent aujourd'hui d'une quantité d'informations impressionnantes qui permettent de préciser la place de l'homme dans l'évolution. Dans les classifications taxonomiques traditionnelles réalisées à partir de l'analyse morphologique des animaux ou de leur fossile, l'homme est le seul représentant encore existant de la famille des hominidés. Les singes les plus proches de l'homme sont classés en plusieurs genres appartenant à la famille des pongidés. Mais les études phylogénétiques modernes qui se fondent sur l'analyse comparative des génomes remettent en question cette classification. Génétiquement, il est en effet apparu que l'homme est très proche des autres primates, en particulier des chimpanzés communs et des bonobos. C'est pourquoi différentes propositions de remaniement de l'arbre phylogénétique sont régulièrement soumises à la communauté scientifique.
Derek Wildman et coll. ont comparé le génome de l'homme à celui des chimpanzés, des gorilles, des orang-outans et d'autres singes du Vieux Monde. Cette comparaison a été réalisée sur plus de 90 000 nucléotides répartis sur 97 gènes codant pour des protéines. Dans leur étude, les auteurs ont distingué la conservation des mutations synonymes (le changement de base ne modifie pas la protéine codée) de la conservation des mutations non synonymes (le changement de bases modifie la protéine) qui ont donc la valeur sélective la plus importante.
Un ancêtre commun il y a cinq à sept millions d'années
Ce travail leur a permis de montrer que les chimpanzés et l'homme partagent 99,4 % d'identité au niveau des mutations non synonymes et 98,4 % au niveau des mutations synonymes.
L'homme et les chimpanzés auraient divergé d'un ancêtre commun il y a cinq à sept millions d'années et ils se sont génétiquement éloignés de cet ancêtre à la même vitesse. La clade comprenant l'homme et les chimpanzés aurait, quant à elle, divergé de celle à laquelle appartiennent les gorilles il y a six à sept millions d'années.
L'ensemble des résultats acquis par Wildman et coll. est en accord avec ceux publiés par Goodman et coll. en 1998, qui se fondaient sur une analyse morphologique et la comparaison de régions non codantes des génomes : pour ces deux groupes de scientifiques, la famille des pongidés devrait se fondre dans celle des hominidés. De plus, les chercheurs proposent que les chimpanzés et les bonobos soient classés aux côtés de l'homme dans le genre Homo.
D.E. Wildman et coll., « Proc Natl Acad Sci U S A », édition en ligne avancée, à paraître prochainement sur www.pnas.org.
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