LE TEMPS DE LA MEDECINE
La prescription homéopathique se fonde sur un ensemble de signes cliniques, comme pour l'allopathie, et sur les particularités réactionnelles du malade. « L'individualisation des cas est indispensable pour l'efficacité du traitement. » Elle revient à sélectionner, parmi les symptômes ceux qui sont caractéristiques de l'état morbide du patient et à identifier le nom de la ou des substances adéquates, explique le Dr Guy Horvilleur*.
On s'appuie sur des symptômes subjectifs, à première vue originaux pour la médecine classique. A une agression donnée, par exemple une fièvre grippale, chacun réagit différemment. Un patient qui n'a pas soif pendant la fièvre et qui est très abattu, orientera vers Gelsemium, Pulsatilla... La présence d'une soif fera choisir parmi d'autres substances : Aconitum napellus, Belladonna, Eupatorium perfoliatum...
Les réactions générales d'un individu jouent déjà un rôle au cours des atteintes aiguës et elle deviennent prépondérantes face à une pathologie chronique, lorsque l'homéopathe cherche un traitement de fond adapté au terrain.
« Etes-vous frileux ? », « Craignez vous la chaleur du soleil ? », « Rajoutez-vous du sel sur vos aliments ? », « Aimez-vous les sucreries ? » sont au nombre des questions posées, après l'étude détaillée des symptômes actuels, des antécédents personnels et héréditaires et parmi d'autres question générales telles que : comment se passe la digestion, le sommeil, les rêves ou les manifestations de la fatigue ?
Natrum muriaticum
Le principal médicament associé à un désir de sel est Natrum muriaticum, préparé à partir du sel de Guérande, qui contient plus que du chlorure de sodium. Il s'agit d'un remède d'action générale (au niveau de tout l'organisme). C'est le médicament de fond du patient caractérisé par l'association d'une maigreur à un appétit accru ou conservé, d'une soif avec déshydratation, d'un psychisme hyperémotif chez une personne solitaire à la suite de chagrins intériorisés. Le patient qui relève de ce traitement a un goût prononcé pour le poisson de mer, les huîtres, les salaisons, les boissons amères. L'excès de sel peut l'aggraver et parfois il présente au contraire un dégoût du sel. C'est un malade qui consulte pour des céphalées, des rhinites à répétition, voire un asthme, des troubles cutanés (déshydratation de l'épiderme, herpès, acné, eczéma), une conjonctivite, en association avec une asthénie, des lombo-sciatalgies. L'adulte est souvent maigre, particulièrement du haut du corps. Mais c'est aussi un remède utile pendant la période de croissance, chez un adolescent qui grandit avec une tendance à la déminéralisation.
On trouve le désir de sel dans la description d'un grand nombre de médicaments homéopathiques, tels que Nitri acid (aphtes, eczéma, engelures...), Carbo vegetabilis (troubles digestifs), Kalium bichromicum (gastrites), Calcarea phosphorica, Veratrum album, Conium maculatum, Sanicula aqua...
Le désir de sucre est également présent dans un grand nombre de cas. Les patients Pulsatilla abusent des sucreries en tout genre et ce goût s'accompagne d'une intolérance aux graisses. Lycopodium aime le sucré et souffre de troubles hépatiques et digestifs. Dans le cas de Sulfur, les troubles digestifs sont fréquents chez des patients réactifs et bons vivants. Nux vomica est un sujet gourmand en général, tendant à user largement de divers excitants. Argentum nitricum recherche les aliments sucrés, qui aggravent son état nerveux (anxiété d'anticipation, phobies) et ses difficultés digestives. Plus rares sont ceux qui ont une aversion pour le sucre, comme Causticum.
L'attraction pour l'homéopathie tient pour une part à l'intérêt porté à l'étude du sujet, à la prise en compte globale des troubles, quel que soit l'organe concerné. Les questions sur les goûts et les dégoûts alimentaires témoignent de cette pratique, chaque élément ayant sa place dans une hiérarchisation des symptômes.
* Alain Horvilleur dans le « Vademecum de la prescription homéopathique », éditions MMI. Voir aussi : « Matière médicale homéopathique », Michel Guermoprez, éditions Doin.
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