LA BRONCHO-PNEUMOPATHIE obstructive (BPCO) touche en France de 2 à 4 millions de personnes et près de 16 000 en décèdent chaque année. En 2020, la BPCO sera la troisième cause de mortalité. Cette évolution est liée au vieillissement de la population, mais surtout au tabagisme, facteur de risque largement prédominant et classiquement reconnu. Néanmoins, l'évolution de la maladie et son impact sur les patients répondent à de nombreux facteurs de gravité. Il convient de les appréhender dans leur ensemble et de façon personnalisée si l'on veut améliorer le pronostic vital et fonctionnel.
Le premier facteur de gravité est représenté par l'exposition aux facteurs de risque (tabagisme actif et passif, pollution atmosphérique, pollution domestique…), qui va participer à déterminer la prévalence de la maladie.
Une réduction progressive du VEMS.
Le second facteur de gravité est le degré des atteintes respiratoire et musculaire, qui vont conditionner l'ampleur du handicap. En effet, l'histoire naturelle de la maladie est caractérisée par une réduction progressive du VEMS. Elle traduit une augmentation progressive du degré d'obstruction bronchique et donc de la limitation des débits expiratoires. L'air ainsi piégé dans les poumons est responsable de dyspnée, plus particulièrement à l'effort, entraînant le patient à limiter ses activités quotidiennes, et donc altérant sa qualité sa vie. La limitation des débits expiratoires est également à l'origine d'exacerbations, elles-mêmes facteurs d'aggravation de la maladie.
Enfin, le troisième facteur de gravité est représenté par les comorbidités qui vont interagir avec la BPCO pour grever le diagnostic. La prise de conscience du rôle négatif de ces comorbidités a commencé avec l'étude de Celli sur le score global de BODE. Il prend en compte plusieurs critères, tant respiratoires que systémiques, et a une valeur pronostique nettement supérieure à celle du VEMS isolément : l'obstruction (VEMS) ; l'indice de masse corporelle ; le test de marche de six minutes, qui tient compte de l'ensemble de l'effecteur cardio-respiratoire et d'une éventuelle atteinte vasculaire ou périphérique ; le score de dyspnée.
L'étude TORCH qui a analysé les causes de décès a mis en évidence, en plus de ceux de cause respiratoire liés à la BPCO, un grand nombre d'origine cardio-vasculaire et par cancer, notamment du poumon.
Agir le plus précocement possible.
Sur le plan pronostique, les affections cardio-vasculaires ont donc un rôle important et, désormais, les facteurs associés à la survie dépassent largement le cadre des seules anomalies respiratoires : l'anémie, l'état nutritionnel et musculaire, les désordres psychologiques ou cognitifs, la capacité ou la tolérance à l'exercice sont dotés d'une valeur pronostique propre.
Il est donc aujourd'hui indispensable de s'intéresser à l'ensemble de ces éléments si l'on veut évaluer la BPCO dans sa globalité, étudier l'impact éventuel des traitements sur l'histoire naturelle de la maladie et agir le plus précocement possible. «Dépister cette maladie est primordial. Il y a une discordance entre la discrétion de ses premiers symptômes et son évolution vers une maladie très invalidante», souligne le Pr Daniel Dusser, chef de service de pneumologie de l'hôpital Cochin à Paris.
L'arrivée prochaine de nouvelles données montrant que l'évolution de la BPCO pourrait être ralentie et les symptômes de cette maladie améliorés rend d'autant plus utile le diagnostic précoce, à un stade où les cercles vicieux qui caractérisent la maladie (dyspnée, intolérance à l'exercice, dysfonctions musculaires, dépression et qualité de vie altérée) peuvent encore être rompus.
D'après les communications de C. Raherson, P. R. Burgel, N. Roche et D. Dusser lors du symposium « Histoire naturelle de la BPCO » organisé, à Cannes, par les Laboratoires Boehringer-Ingelheim France et Pfizer.
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