QUE CE SOIT dans des mines, des usines de filature, des dépôts de la Sncf ou même dans des Centres d'aide par le travail (CAT), des milliers d'ouvriers de l'amiante ont perdu la vie ou sont menacés de la perdre. Les cancers liés à l'amiante, un matériau fibreux massivement utilisé dans l'industrie et le bâtiment jusqu'à son interdiction en 1996, causent actuellement, en France, quelque 3 000 décès annuels et pourraient faire de 50 000 à 100 000 victimes d'ici à 2030, selon les experts.
Mais au-delà des chiffres impressionnants, que reste-t-il aujourd'hui de ce qui apparaît comme l'un des plus grands scandales de santé publique, ainsi que le Sénat vient de le rappeler dans un rapport ? La bande dessinée « Amiante. Chronique d'un crime social », assortie d'une exposition itinérante, témoigne des souffrances des victimes.
En 15 histoires relatées sur 59 pages par le journaliste Albert Drandov et mises en perspective par 11 dessinateurs, tout est dit : des premières observations de maladies respiratoires liées à l'amiante en France, en 1906, à l'appel des veuves de Dunkerque en 2005. Y compris tout ce qui est souvent pudiquement tu par les médias : l'annonce du cancer, la lente agonie des insuffisants respiratoires, la douleur des femmes et des enfants qui restent, l'humiliation des ouvriers face aux cols blancs...
Les auteurs ont choisi d'aborder l'affaire de l'amiante sous l'angle humain plutôt que politico-sanitaire. Et c'est un bon choix : les récits se succèdent, poignants, et rappellent sans cesse que, dans cette affaire, ce sont d'abord des vies qui ont été sacrifiées sur l'autel de l'industrie.
Exposition.
Dans l'idée de proposer un « outil d'éducation populaire », qui accompagne et crée l'événement autour de cette bande dessinée, Albert Drandov et son éditeur ont conçu une exposition de 26 panneaux, alliant des planches originales de la BD, des documents d'époque et des témoignages d'anciens salariés. Présentées pour la première fois au public au début d'octobre, à l'occasion de l'inauguration de la stèle consacrée à la mémoire des victimes de l'amiante à Condé-sur-Noireau (Calvados), l'exposition comme la bande dessinée ont remporté un vif succès. Proposée gratuitement au réseau de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), elle est également mise à la disposition des collectivités locales et autres demandeurs, au tarif de 800 euros pour 15 jours. Après Condé-sur-Noireau, la tournée de cette exposition, accompagnée de séances de dédicaces pour la BD, devrait se poursuivre à Rouen, Le Havre, Brest...
* Septième Choc Editions (BP 36, 78540 Vernouillet, bdamiante@yahoo.fr), 15 euros.
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