LES XIes JOURNÉES nationales de l'hospitalisation à domicile, organisées par la fédération de ses établissements (FNEHAD), ont été l'occasion de mesurer la bonne forme du secteur. Les quelque 200 structures (1) tant publiques que privées, qui proposent cette forme d'alternative à l'hospitalisation complète, prennent en charge 70 000 malades par an et gagnent au fil des années en légitimité et en notoriété. «Le potentiel de développement est immense», a affirmé la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, devant les acteurs de l'HAD. Présidente de la FNEHAD, le Dr Elisabeth Hubert en convient sans peine : «Le vieillissement de la population, le progrès thérapeutique et –on ne peut pas le nier– les coûts (le coût moyen d'une prise en charge en HAD est un peu supérieur à 200 euros par jour ; l'hôpital est trois à cinq fois plus cher) font que nous avons une marge de progression considérable.» Aujourd'hui, le secteur est une aiguille dans une botte de foin – les établissements d'HAD ont présenté l'an dernier une facture de 500 millions d'euros au caisses d'assurance-maladie ; les dépenses hospitalières totales représentaient alors autour de 65 milliards d'euros –, mais il a indéniablement le vent en poupe.
Gare aux contrefaçons.
Pas question pour autant de céder aux sirènes d'un developpement anarchique. La FNEHAD met d'ailleurs en garde contre les amalgames : «Il devient urgent, fait valoir Elisabeth Hubert, que les mots hospitalisation à domicile ne soient plus galvaudés et utilisés pour des activités –la simple location de matériel, par exemple– qui ne sont pas de l'hospitalisation à domicile mais de simples prestations.» L'utilisation abusive du label HAD peut être source, explique-t-elle, «de confusion chez les patients, de risque pour leur santé et de surcoût pour la collectivité».
Pour sa future extension – l'augmentation des capacités de l'HAD est inscrite dans tous les derniers schémas régionaux d'organisation sanitaire (SROS) –, le secteur entend bien procéder avec ordre et méthode. Et il a besoin de quelques ajustements. La question du médicament, en particulier, reste posée : «de nombreuses zones d'ombre» demeurent, selon Elisabeth Hubert, qui «concernent tant la traçabilité de la prescription, la dispensation que le coût du médicament». Un autre chantier que réclame la FNEHAD concerne le contenu des autorisations accordées aux HAD. «Alors que nous devons être des établissements polyvalents et généralistes –ce que d'ailleurs nous revendiquons–, les textes qui nous régissent nous imposent de déclarer le type d'activités que nous entendons développer dans nos établissements», regrette Elisabeth Hubert.
Qui va piano va sano et, du coup, les objectifs de développement de l'HAD fixés en 2005 par les pouvoirs publics – 15 000 places (soit plus de 5 millions de séjours) à l'horizon 2010 – ne seront sans doute pas atteints. «Il est vraisemblable que nous serons à 2,5/2,7millions de journées d'hospitalisation à la fin de 2007», estime Elisabeth Hubert qui regrette aussi que l'égalité d'accès aux soins ne soit pas encore une réalité dans le domaine de l'hospitalisation à domicile. «Certains territoires, dit-elle, sont toujours dépourvus d'HAD et de nombreux malades ne peuvent bénéficier de cette offre de soins.» Un bémol tempéré par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui, lors de son passage aux Journées de la FNEHAD, a constaté qu'il ne reste plus en France «que neuf départements ne comptant pas de place d'HAD».
(1) A ce jour, 220 établissements d'HAD sont autorisés, mais 180 seulement fonctionnent effectivement, le diférentiel étant en cours d'installation.
Mieux travailler avec les médecins traitants
L'hospitalisation à domicile a encore besoin de mieux organiser les conditions dans lesquelles elle travaille avec les médecins traitants. Des problèmes se posent sur un plan purement pratique : l'intégration des honoraires des médecins traitants dans la T2A (tarification à l'activité) reste à faire et les modalités des interventions de ces médecins (dont l'accord est un préalable à toute hospitalisation à domicile) doivent être mieux définies. Le champ théorique mérite lui aussi d'être mieux défriché : ne serait-ce que pour orienter ses patients vers l'HAD, un médecin doit connaître ce mode alternatif à l'hospitalisation complète et ne pas avoir peur de la lourdeur des pathologies qui sont prises en charge dans ce cadre. Des formations sont donc indispensables en termes de FMC, mais aussi dès les études médicales. La FNEHAD demande d'ailleurs à pouvoir accueillir des stagiaires dès la troisième ou quatrième année, puis en cinquième et sixième année ; les établissements de HAD se disent également prêts à proposer des stages aux internes de médecine générale.
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