Les rares études épidémiologiques concernant l'herpès génital font état d'une prévalence globale de 17 % (17,9 % pour les femmes et 13,7 % pour les hommes).
Cette affection sous-diagnostiquée est due le plus souvent au virus HSV2 (Herpes Simplex Virus), contrairement à l'HSV1 qui concerne en général le haut du corps et peut générer, par exemple, le fameux bouton de fièvre. On constate cependant que « chacun de ces deux virus empiète sur le territoire de l'autre », explique le Dr Françoise Ramel, dermatologue. La primo-infection se réalise à la faveur d'une brèche épidermique ou muqueuse, la transmission se faisant par contact direct ou autocontamination, parfois avec une personne asymptomatique. La personne infectée présente alors des signes cliniques dans 30 à 40 % des cas. Après une phase de latence, pendant laquelle le virus se cache dans le corps neuronal et « dort » (les traitements sont alors inefficaces), un facteur déclenchant (fièvre, stress, traumatisme, règles, exposition au soleil, relations sexuelles, etc.) entraîne une poussée. Pendant cette crise ou récurrence, la personne n'est pas toujours symptomatique ; en revanche, elle est contagieuse. Les signes cliniques sont, pour la femme, des pertes vaginales importantes ou malodorantes, des démangeaisons de la vulve, des brûlures en urinant ou lors de rapports sexuels, de petites lésions, des saignements, des douleurs intenses. Chez l'homme, les signes sont du même type (écoulement à l'extrémité de la verge, douleurs, démangeaisons, lésions), mais en général, moins invalidants.
Un problème sous-estimé
« L'herpès est difficile à diagnostiquer », explique Françoise Ramel, non seulement parce que cette particule infectieuse est « difficilement décelable du fait de sa petite taille », mais aussi en raison des confusions possibles avec d'autres maladies de l'appareil génital et de la réticence des patients à en parler, voire simplement à consulter - sans parler des formes asymptomatiques. « En France, le problème est sous-diagnostiqué », souligne le Pr Francis Giraud, sénateur des Bouches-du-Rhône et rapporteur du projet de loi de santé publique actuellement en discussion au Parlement. En dehors des problèmes de prise en charge, cela pose également la question de la contamination. « Des études ont montré récemment des interrelations très étroites entre l'infection herpétique génitale et l'infection à VIH », explique le Pr Giraud. Le rapport préparatoire au projet de loi définit parmi ses objectifs « la diminution de la prévalence de l'infection à HSV2 à 14 % chez les femmes ». Ces dernières sont également une cible de prévention de l'herpès néonatal, une infection rare mais grave qui se transmet lors de l'accouchement.
Deux enquêtes ont été réalisées par l'institut Louis Harris Médical à la demande de l'association Herpès, l'une auprès du public, l'autre, auprès des médecins. Ces derniers estiment pour la plupart (plus de la moitié des spécialistes, près de trois quart des spécialistes) que l'herpès génital constitue un diagnostic « difficile » à établir et encore plus difficile à annoncer. Selon Brigitte Dréno, dermatologue, les raisons en sont « le caractère contagieux de la maladie », « ses conséquences sur la vie de couple » (l'annonce peut être corrélée à la révélation d'une infidélité, par exemple) et « le caractère récidivant de la maladie ». Trois quarts des médecins pensent « qu'une prise en charge psychologique doit être associée à une prise en charge thérapeutique », ce que confirme le témoignage d'une jeune femme, présenté aux Entretiens de Bichat, qui évoque des douleurs « à s'évanouir », une impossibilité de communiquer et une honte telle qu'elle attend plusieurs semaines dans la souffrance avant de se décider à consulter. Aussi le dialogue est-il essentiel et doit même être encouragé en amont, en particulier auprès des jeunes pour lesquels le rôle de la prévention est, comme chacun sait, primordial.
Pour en savoir plus : Que sais-je ?, « L'Herpès », de Philippe G. Judlin, aux éditions PUF (1re édition, septembre 2003). L'Association Herpès diffuse des documents d'information très didactiques et complets à laisser dans les salles d'attente : www.herpes.asso.fr.
Une journée nationale le 15 novembre
Le nombre de cas a augmenté de 50 % en dix ans, 60 % des porteurs du virus ne connaissent pas leur contamination, 85 % des jeunes ignorent que l'herpès est la première infection sexuellement transmissible : ces trois chiffres expliquent que le thème de la 3e Journée nationale contre l'herpès, le 15 novembre, soit « La transmission de l'herpès, parlons-en ».
L'association Herpès, qui l'organise, lancera avec ses partenaires des messages d'information auprès des 12-25 ans (Fil Santé Jeunes, Cyber CRIPS, Réseau information jeunesse), des professionnels de santé (« le Quotidien du médecin », Cespharm) et du grand public (la Mairie de Paris, l'AP-HP, la Cité de la santé de la Villette, « Top Santé », « FHM »).
Les jeunes de 12 à 25 ans peuvent d'ores et déjà appeler le 0.800.235.236 (téléphone anonyme, et gratuit en cas d'appel d'un poste fixe) pour poser des questions sur la maladie. Les écoutants de Fil Santé Jeunes insisteront sur la nécessité de consulter si l'appelant fait état de lésions évocatrices d'herpès.
Association Herpès, 5, avenue Bertie-Albrecht, 75008 Paris, fax 01.39.17.82.64, www.herpes.asso.fr.
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