Antiquités
Elle le quitte en 1945 pour Raymond Subes, ferronnier de son état, dont le nom est lié à ceux des créateurs de l'Art Déco. Le ménage s'installe dans une belle propriété de Saint-Lye-La-Forêt, près d'Orléans, où Mathilde s'est éteinte l'an dernier. On peut s'étonner de voir les époux Subes courir les antiquaires pour garnir leur nouvelle demeure de meubles et accessoires classiquement XVIIIe. Une paire de fauteuils de Gourdin et un secrétaire d'acajou Louis XVI estimés respectivement 8 000/10 000 euros et 7 000/8 000 euros retiennent l'attention, et les bibliophiles s'intéresseront, pour 6 000/8 000 euros, à une édition complète et originale - y compris la reliure - de « l'Histoire naturelle » de Buffon, en 46 volumes.
Mais c'est évidemment sur les uvres de son mari qu'on attend l'héritage de madame Subes. Raymond Subes n'est pas parmi les plus connus des créateurs de l'Art Déco. Peut-être parce qu'il est d'abord un ferronnier. Formé aux techniques traditionnelles de l'art de rampes et des balcons, mais aussi à des procédés plus modernes comme la soudure autogène, qui permettent de réduire les prix de revient. Il connaît un rapide succès dès les années 1920, expose dans les salons les plus avant-gardistes et bénéficie de commandes publiques. Il participe à la grande entreprise du paquebot « Normandie » dont il exécute, notamment, les grilles d'ascenseurs.
Comme les autres créateurs de cette période, Raymond Subes refuse de se laisser enfermer dans un secteur unique, tout en restant fidèle à l'art du métal qu'il élargit au bronze et à l'acier. De sa rencontre avec Ruhlmann naissent aussi des bibliothèques de tôle laquée et des buffets d'aluminium à la pointe de la modernité.
Des meubles qui garnissaient la propriété de Saint-Lye sont à la fois plus discrets et en harmonie avec le style classique de la maison. Ce guéridon, estimé 5 000/7 000 euros, réunit la modernité d'un piétement entrecroisé de bronze doré, à un plateau-damier marqueté de marbre dans la tradition néo-classique, une grande table basse formée d'une dalle de verre transparent sur un piétement en X, choisit le parti inverse, et les lampes de bronze en canons de fusils, coiffées d'abats jour laqués vert antique, ne dépareraient nullement un bureau Empire.
Samedi 21 et dimanche 22 juin, 14 h, 20, rue Jean-Jaurès, Cannes-Enchères.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature