La possibilité d'une transmission du virus de l'hépatite E de l'animal à l'homme avait était suggérée, mais elle n'avait jamais été prouvée de manière directe. C'est maintenant chose faite : dans un article publié par le « Lancet », une équipe de médecins japonais relate en effet le cas de plusieurs individus ayant contracté le virus de l'hépatite E en consommant la viande crue d'un animal, en l'occurence un cerf, infecté.
Le 16 avril 2003, un homme âgé de 44 ans s'est présenté dans un hôpital japonais, se plaignant de fièvre, de nausées et d'un malaise général. Les médecins ont établi qu'il souffrait d'une hépatite. Dix jours plus tard, le père de ce patient s'est à son tour rendu à l'hôpital car il souffrait de symptômes identiques. Enfin, une semaine après la découverte de ce deuxième cas, un des frères et un ami du cas index ont également reçu un diagnostic d'hépatite. Chez les quatre patients, l'analyse du sérum a montré la présence d'ARN spécifiques au virus de l'hépatite E et celle d'IgM et d'IgG dirigés contre ce virus.
Viande de cerf crue
Le cas index ayant séjourné en Chine au cours du mois de février 2003, les médecins ont tout d'abord supposé que l'homme avait contracté la maladie durant son voyage et l'avait ensuite transmise à son entourage. Cependant, lors de l'interrogatoire des quatre patients, Tei et coll. ont été intrigué par le fait qu'ils avaient tous consommé de la viande de cerf crue au cours des semaines précédant l'infection. La possibilité d'une transmission zoonotique a alors été envisagée.
Les médecins ont analysé le sérum des autres membres de la famille du cas index et de l'ami contaminé. Aucun n'était porteur du virus de l'hépatite E. Mis à part un fils de l'ami malade, aucun de ces sujets n'avaient consommé de viande suspecte. Quant au fils de l'ami, il a affirmé n'en avoir ingéré qu'une très petite quantité.
Par chance, une partie de cette viande n'avait pas été consommée et avait été congelée. Une analyse par PCR, puis RT-PCR, des restes congelés a donc pu être réalisée. Il est apparu que la viande était effectivement contaminée par le virus de l'hépatite E. En outre, la séquence nucléotidique de la souche virale retrouvée dans la viande et celle du virus responsable de la pathologie des quatre patients étaient identiques.
Ces données ont conduit Tei et coll. à conclure que leurs patients avaient très probablement contracté leur hépatite par l'intermédiaire de la viande contaminée. Le cas du fils de l'ami laisse supposer que la transmission du virus par cette voie nécessite l'ingestion d'une quantité notable de viande crue contaminée.
S. Tei et coll., « The Lancet » du 2 août 2003, pp. 371-373.
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