LE TRAITEMENT thrombolytique des accidents vasculaires ischémiques par activateurs du plasminogène tissulaire (tPA) s'accompagne de risques hémorragiques secondaires. Il ne peut être utilisé qu'au cours des trois premières heures suivant l'occlusion vasculaire. Une équipe de chercheurs d'Ann Arbor (États-Unis), coordonnée par le Dr Emming Su, a mis en place une étude afin de mieux comprendre les bases physiopathologiques de la majoration de ce risque hémorragique.
Les deux hypothèses le plus fréquemment proposées ont été analysées : excitotoxicité induite par l'ischémie majorée ; effet direct sur la barrière hémato-encéphalique.
L'activation par le tPA du PDGF-CC (Latent Platelet Derivated Growth Factor) et la stimulation des récepteurs PDGF-alpha qui en résulte pourraient jouer un rôle majeur dans le risque hémorragique. L'injection intraventriculaire de tPA ou de PDGF-CC actif en l'absence de phénomènes ischémiques cérébraux chez l'animal augmente de façon significative la perméabilité cérébro-vasculaire. À l'inverse, la coïnjection d'anticorps neutralisants du PDGF-CC conjointement au tPA inhibe la majoration de la perméabilité vasculaire. L'ensemble de ces effets est en rapport avec une activation des récepteurs PDGF-alpha des astrocytes périvasculaires. Pour ce travail, les auteurs ont utilisé des souris knock-out pour le gène du tPA naturel et des souris sauvages. Par ailleurs, ils ont testé différents modèles de lésions ischémiques cérébrales donnant des lésions similaires à l'effet d'un thrombus artériel.
Réduire la perméabilité cérébrovasculaire.
Les auteurs ont ensuite évalué chez l'animal l'effet d'une substance connue pour son effet inhibiteur du récepteur PDGF-alpha, l'imatinib (Glivec), actuellement utilisée chez les patients souffrant de leucémie. L'utilisation conjointe de tPA et d'imatinib permet dans les suites immédiates d'un accident vasculaire cérébral, chez des souris, de réduire la perméabilité cérébrovasculaire et le risque hémorragique. Lorsque l'imatinib était administré une heure après le début des signes ischémiques, les souris traitées présentaient un risque hémorragique diminué de 34 % dans les 72 heures. Lorsque ce médicament était délivré 1 heure après le début de l'ischémie et 5 heures avant l'utilisation de tPA, le risque de saignement était diminué de 50 %. L'effet s'est maintenu, y compris lorsque le thrombolytique était injecté à distance de l'accident vasculaire.
Pour les auteurs, «la prise d'imatinib avant le traitement par tPA pourrait limiter les risques hémorragiques et permettrait d'utiliser ce traitement pendant une fenêtre thérapeutique plus large». Une étude chez l'homme devrait être mise en place dans les prochains mois au sein du Karolinska Institute (Suède). On peut imaginer que l'imatinib serait administré dès l'admission à l'hôpital avant même la réalisation d'examens complémentaires d'imagerie.
« Nature Medicine », on line.
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